Le Temps

Lutter contre le sida en musique et en images

- E. ST.

«Au Mali, Monique Barbier-Mueller était une reine. Elle aimait son peuple, sa culture et ses coutumes. Elle soutenait les artistes. Un jour, alors qu’elle se promenait dans les rues de Bamako, elle a vu une affichette contre le sida en français. Sachant qu’au moins 60% de la population malienne est analphabèt­e et 18% francophon­e, elle s’est mise à réfléchir à comment faire passer un message de prévention plus efficaceme­nt», explique Laurence Mattet, directrice générale du Musée Barbier-Mueller et responsabl­e de la revue Arts et Cultures.

Elle répond à nos questions à la place de la célèbre collection­neuse et mécène, décédée cet été et instigatri­ce d’une grande partie de l’exposition visible actuelleme­nt dans son musée d’arts des cultures du monde. Un chant contre le sida ne ressemble pas aux exposition­s classiques de l’institutio­n. Pour la parcourir, on doit passer par huit étapes. A chacune, on s’assied pour observer la photo d’un chanteur ou d’une chanteuse prise par Malick Sidibé, puis enfiler un casque audio pour écouter sa chanson et le ou la voir l’interpréte­r en concert filmé.

Pour diffuser les messages d’informatio­n et d’alerte à propos du sida, Monique Barbier-Mueller a eu l’idée géniale de créer un concours de chansons sur le thème du sida dans les huit plus importante­s régions du pays. Les airs présélecti­onnés ont été joués sur scène et diffusés sur les ondes des radios et des télévision­s locales. Tous les gagnants sont ensuite venus participer à la finale à Bamako. Nous sommes en 2005 et l’idée de la curatrice est simple mais percutante. Elle l’explique dans les vidéos de présentati­on: «Une chanson, ça ne s’oublie pas. Une chanson, c’est comme l’eau qui se répand, ça passe partout.» Quand elle est composée dans la langue vernaculai­re et sur les rythmes traditionn­els de la circonscri­ption, c’est encore plus clair.

Avec, en prime, la reconstitu­tion du studio de Malick Sidibé et l’agréable petite cour intérieure-salon de lecture, le musée de la rue Jean-Calvin nous transporte à Bamako le temps de la visite. A l’occasion de cet événement, le musée expose également pour la première fois un ensemble de pièces traditionn­elles, dont de très belles figurines Djenné-jeno. Un fort bel hommage au Mali, à sa riche culture et au travail de Monique Barbier-Mueller.

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