Le 31 octobre, l’Europe du Brexit s’achèvera
En cas de rejet du nouvel accord sur le Brexit ce samedi par la Chambre des communes, la réouverture du dossier par l’Union européenne semble très improbable. Et si le vote est positif, tout ira très vite
«Je souhaite en finir pour parler d’avenir. Le délai doit être tenu.» C’est un Emmanuel Macron ferme, clair et résolu qui s’est exprimé, vendredi, à l’issue du sommet européen. Pas question, pour le président français, de rouvrir le dossier du Brexit si le nouvel accord conclu à l’arraché entre les 27 et le gouvernement du Royaume-Uni est rejeté, aujourd’hui, par une majorité à la Chambre des communes. La fin de partie, avec ou sans ce «deal», doit intervenir, pour Paris, le 31 octobre, la date butoir fixée en avril. Une fermeté que le président du Conseil européen, Donald Tusk, a toutefois nuancée, expliquant qu’il consultera de nouveau les dirigeants de l’UE si l’accord est enterré à Westminster. En cas de feu vert britannique, le Parlement européen, dont l’aval est indispensable, se prononcera sur le texte en séance plénière à Strasbourg, jeudi 24 octobre.
Une volonté de tourner la page à Bruxelles
Exit donc, l’Europe du Brexit? Vendredi, la volonté de tourner la page à Bruxelles était en tout cas d’autant plus claire qu’un autre dossier reste en suspens: celui de la composition de la Commission européenne, dont trois commissaires désignés ont été rejetés lors de leurs auditions par les eurodéputés: le Hongrois Laszlo Trocsanyi, qui devait prendre en main le portefeuille voisinage et élargissement, la Roumaine Rovana Plumb, chargée des transports, et la Française Sylvie Goulard, désignée pour un énorme portefeuille marché intérieur, industrie, culture, audiovisuel, défense et numérique. Conséquence: le vote d’investiture de la Commission par le Parlement européen, prévu le 22 octobre, a été annulé et reporté. Idem pour la prise de fonction de l’exécutif communautaire, prévue pour le 1er novembre et désormais envisagée pour le 1er décembre.
Du côté institutionnel, la valse du Brexit, en cas d’accord, continuera d’être rythmée par le négociateur en chef français Michel Barnier. Celui-ci devrait avoir, jusqu’à la fin de la période de transition au 31 décembre 2020 (une extension d’une année supplémentaire pourra éventuellement être demandée par Londres), la responsabilité de préparer avec l’administration britannique les négociations sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l’UE. Des relations qui, selon le texte adopté jeudi, s’appuieront sur un accord de libreéchange dont Angela Merkel, comme Emmanuel Macron, a redit qu’il devra s’appuyer sur «un socle de valeurs sociales et fiscales communes» pour permettre une concurrence «loyale». Avec une question: comment envisager de démarrer des pourparlers sur l’avenir en cas d’élections générales au RoyaumeUni?
En cas de «deal», une transition particulière
«L’ironie, c’est que le Brexit, en cas de «deal», va démarrer par une transition durant laquelle le pays remplira encore toutes ses obligations d’Etat membre sans aucun droit ni représentation dans les institutions», confirmait hier un diplomate. Les 73 eurodéputés britanniques élus en mai devraient, pour leur part, quitter Strasbourg dès le 1er novembre. Leurs sièges seront en partie redistribués (à des parlementaires déjà élus, mais en liste d’attente) puisque le Parlement européen passera, après leur départ, de 751 à 705 élus. La composition finale de la Commission dépendra, elle, de la bonne volonté des trois Etats membres dont les candidats ont été retoqués. La présidente de l’exécutif, Ursula von der Leyen, pourrait de son côté décider des changements d’attribution. De nouvelles auditions parlementaires seront programmées et, pour éviter toute nouvelle crise, une réunion au sommet s’est tenue vendredi matin entre la chancelière allemande, le président français et les responsables des trois premières familles politiques: le PPE conservateur, le PSE socialiste et Renaissance, le groupe libéral soutenu par Emmanuel Macron. Du côté français, après le fiasco Goulard, l’heure est au mutisme sur les noms de celui ou celle qui pourrait la remplacer. La ministre de la Défense française, Florence Parly, proposée en septembre, ne serait plus candidate. D’où le retour d’une hypothèse: celle de… Michel Barnier, ancien commissaire au marché intérieur et aux services. Le Brexit n’est décidément jamais loin.
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