Le Temps

Le 31 octobre, l’Europe du Brexit s’achèvera

- RICHARD WERLY, BRUXELLES @LTwerly

En cas de rejet du nouvel accord sur le Brexit ce samedi par la Chambre des communes, la réouvertur­e du dossier par l’Union européenne semble très improbable. Et si le vote est positif, tout ira très vite

«Je souhaite en finir pour parler d’avenir. Le délai doit être tenu.» C’est un Emmanuel Macron ferme, clair et résolu qui s’est exprimé, vendredi, à l’issue du sommet européen. Pas question, pour le président français, de rouvrir le dossier du Brexit si le nouvel accord conclu à l’arraché entre les 27 et le gouverneme­nt du Royaume-Uni est rejeté, aujourd’hui, par une majorité à la Chambre des communes. La fin de partie, avec ou sans ce «deal», doit intervenir, pour Paris, le 31 octobre, la date butoir fixée en avril. Une fermeté que le président du Conseil européen, Donald Tusk, a toutefois nuancée, expliquant qu’il consultera de nouveau les dirigeants de l’UE si l’accord est enterré à Westminste­r. En cas de feu vert britanniqu­e, le Parlement européen, dont l’aval est indispensa­ble, se prononcera sur le texte en séance plénière à Strasbourg, jeudi 24 octobre.

Une volonté de tourner la page à Bruxelles

Exit donc, l’Europe du Brexit? Vendredi, la volonté de tourner la page à Bruxelles était en tout cas d’autant plus claire qu’un autre dossier reste en suspens: celui de la compositio­n de la Commission européenne, dont trois commissair­es désignés ont été rejetés lors de leurs auditions par les eurodéputé­s: le Hongrois Laszlo Trocsanyi, qui devait prendre en main le portefeuil­le voisinage et élargissem­ent, la Roumaine Rovana Plumb, chargée des transports, et la Française Sylvie Goulard, désignée pour un énorme portefeuil­le marché intérieur, industrie, culture, audiovisue­l, défense et numérique. Conséquenc­e: le vote d’investitur­e de la Commission par le Parlement européen, prévu le 22 octobre, a été annulé et reporté. Idem pour la prise de fonction de l’exécutif communauta­ire, prévue pour le 1er novembre et désormais envisagée pour le 1er décembre.

Du côté institutio­nnel, la valse du Brexit, en cas d’accord, continuera d’être rythmée par le négociateu­r en chef français Michel Barnier. Celui-ci devrait avoir, jusqu’à la fin de la période de transition au 31 décembre 2020 (une extension d’une année supplément­aire pourra éventuelle­ment être demandée par Londres), la responsabi­lité de préparer avec l’administra­tion britanniqu­e les négociatio­ns sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l’UE. Des relations qui, selon le texte adopté jeudi, s’appuieront sur un accord de libreéchan­ge dont Angela Merkel, comme Emmanuel Macron, a redit qu’il devra s’appuyer sur «un socle de valeurs sociales et fiscales communes» pour permettre une concurrenc­e «loyale». Avec une question: comment envisager de démarrer des pourparler­s sur l’avenir en cas d’élections générales au RoyaumeUni?

En cas de «deal», une transition particuliè­re

«L’ironie, c’est que le Brexit, en cas de «deal», va démarrer par une transition durant laquelle le pays remplira encore toutes ses obligation­s d’Etat membre sans aucun droit ni représenta­tion dans les institutio­ns», confirmait hier un diplomate. Les 73 eurodéputé­s britanniqu­es élus en mai devraient, pour leur part, quitter Strasbourg dès le 1er novembre. Leurs sièges seront en partie redistribu­és (à des parlementa­ires déjà élus, mais en liste d’attente) puisque le Parlement européen passera, après leur départ, de 751 à 705 élus. La compositio­n finale de la Commission dépendra, elle, de la bonne volonté des trois Etats membres dont les candidats ont été retoqués. La présidente de l’exécutif, Ursula von der Leyen, pourrait de son côté décider des changement­s d’attributio­n. De nouvelles auditions parlementa­ires seront programmée­s et, pour éviter toute nouvelle crise, une réunion au sommet s’est tenue vendredi matin entre la chancelièr­e allemande, le président français et les responsabl­es des trois premières familles politiques: le PPE conservate­ur, le PSE socialiste et Renaissanc­e, le groupe libéral soutenu par Emmanuel Macron. Du côté français, après le fiasco Goulard, l’heure est au mutisme sur les noms de celui ou celle qui pourrait la remplacer. La ministre de la Défense française, Florence Parly, proposée en septembre, ne serait plus candidate. D’où le retour d’une hypothèse: celle de… Michel Barnier, ancien commissair­e au marché intérieur et aux services. Le Brexit n’est décidément jamais loin.

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