Le ralentissement de l’économie chinoise se confirme
Cela n’était pas arrivé depuis 1992. Avec une hausse de 6%, la croissance a atteint son seuil le plus bas depuis plus de vingt ans. Toutefois, la politique de soutien destinée à limiter les effets de la guerre commerciale semble faire effet
L’économie chinoise ralentit. La croissance de la deuxième économie mondiale a atteint son plus bas niveau depuis 1992. Ce vendredi, le Bureau national des statistiques (BNS) chinois, dont les chiffres sont souvent estimés comme étant surévalués, a indiqué que la croissance sur un an au troisième trimestre s’établissait à 6%. Soit le bas du seuil de l’objectif du gouvernement chinois, qui table sur un taux de 6 à 6,5% pour 2019. Elle poursuit donc sa tendance baissière.
L’impact de la guerre commerciale? Un effet qu’il faut relativiser. «Les mois de juillet et d’août ont été mauvais, mais les données du mois de septembre montrent une sorte de rebond, détaille Patrick Zweifel, chef économiste de Pictet Asset Management. Les mesures économiques prises dès les premières sanctions américaines en mai 2018 permettent de modérer le choc lié au commerce. Ce dernier aurait dû entraîner un recul d’un point du produit intérieur brut, mais nous n’avons pas observé une telle décélération.» Prise par trimestre, la croissance chinoise reste stable à 6%.
Un ralentissement structurel
Si le chiffre annoncé par la BNS est un peu en deçà des attentes – elle l’estimait à 6,1% – il s’agit donc d’une «déception modérée» pour Patrick Zweifel. Vendredi, les bourses chinoises ont clôturé à la baisse. La faiblesse des investissements des entreprises manufacturières explique en partie le ralentissement. Une situation liée aux incertitudes engendrées par la guerre commerciale. «Cette guerre des taxes vient exagérer un phénomène structurel. La Chine devient une économie de plus en plus mature et sa croissance va continuer à ralentir», rappelle Patrick Zweifel. Le Fonds monétaire international prévoit une croissance de 5,8% pour la Chine en 2020.
La semaine passée, la Chine est parvenue à un accord avec les Etats-Unis, évitant la mise en place de nouvelles surtaxes. Toutefois, un nouveau volet de sanctions de 15% sur les produits chinois de grande consommation doit entrer en application en décembre. «Au quatrième trimestre, nous devrions observer la même croissance qu’au troisième, précise Sven Schubert, Investment Strategist de la banque Vontobel. Les effets de ces taxes devraient se faire sentir l’année prochaine.»
Vers une détente dans les tensions douanières
Les deux parties pourraient cependant trouver un nouvel accord. «L’impact de ces mesures pourrait être plus élevé aux Etats-Unis qu’en Chine, pointe Patrick Zweifel. Jusqu’à maintenant, les EtatsUnis ont fait en sorte de taxer les biens pour lesquels il existait des alternatives sur le marché mondial.» Les produits chinois qui ne sont pas encore pénalisés par les Etats-Unis sont plus difficilement remplaçables. Ce qui laisse penser que ces nouvelles taxes ne seront pas appliquées. D’autant plus que si la Chine a obtenu un retrait des mesures qui devaient entrer en vigueur cette semaine, les Etats-Unis ne lui ont pas accordé un retrait des taxes actuellement en place.
La guerre commerciale entre donc dans ce qui ressemble à une phase de détente temporaire. «Donald Trump souhaite gagner les élections, donc il a besoin d’un environnement économique stable, analyse Sven Schubert. Mais s’il ne peut pas obtenir un accord favorable, il pourrait décider de durcir le ton de nouveau juste avant les élections.» Le bras de fer devrait également se poursuivre sur le plan technologique. Le 8 octobre, le Département américain du commerce a placé huit nouvelles entreprises du secteur des nouvelles technologies sur sa liste noire. Dans le même temps, les Etats-Unis poursuivent également le conflit commercial avec l’Union européenne. Vendredi matin, de nouvelles taxes, notamment sur les avions Airbus et les alcools européens, ont été mises en place.
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«Cette guerre des taxes vient exagérer un phénomène structurel. La Chine devient une économie de plus en plus mature et sa croissance va continuer à ralentir» PATRICK ZWEIFEL, CHEF ÉCONOMISTE
DE PICTET ASSET MANAGEMENT