Le Temps

Les bienfaits cachés des transports publics genevois

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Selon une étude, investir 1 million de francs supplément­aire dans les TPG engendrera­it des retombées positives en termes d’environnem­ent, de santé publique ou encore de valeur foncière

Au-delà de transporte­r les passagers d’un point A à un point B, si possible sans retard, les transports publics genevois (TPG) ont un impact positif sur la société. C’est la conclusion d’une étude commandée par la régie publique qui chiffre avec précision les retombées économique­s engendrées par ses activités: 1,18 million de francs pour 1 million investi. Si certains résultats comme l’impact environnem­ental semblent tenir du bon sens, d’autres sont plus surprenant­s. Ils seront dévoilés aujourd’hui dans le cadre du Forum Mobilité organisé par Le Temps.

Est-il rentable d’investir des fonds publics dans les TPG? C’est à cette question que les chercheurs du bureau de sciences sociales Mobil’homme, lié à l’EPFL, ont dû répondre. En 2018, les TPG ont transporté 215,4 millions de voyageurs, soit une augmentati­on de 10% depuis 2013. Néanmoins, la part des transports en commun ne représente que 15% de l’ensemble des trajets effectués en moyenne à Genève. En clair, un fort potentiel de progressio­n existe.

Impact environnem­ental

Si l’Etat investissa­it 1 million de francs supplément­aire dans le budget des TPG, qui avoisinait 436,9 millions en 2018 dont 264,9 millions de contributi­ons, les retombées positives seraient multiples. «Le développem­ent de l’offre génère une baisse des dépenses des ménages, un gain de temps et une augmentati­on des valeurs foncières et immobilièr­es», détaille Emmanuel Ravalet, coauteur de l’étude qui a réalisé une analyse coûts-bénéfices à partir d’un modèle développé spécialeme­nt pour les TPG. «En moyenne, il est plus rapide de se déplacer en bus qu’en voiture, précise le socio-économiste. Le temps passé dans les transports en commun est aussi mieux utilisé, étant donné qu’on peut travailler ou lire.» Quid de la valeur foncière? Les zones mieux desservies par les transports, en particulie­r les tramways, gagnent de la valeur. Une bonne nouvelle pour les propriétai­res, pas forcément pour les locataires.

Une offre enrichie engendre également des avantages sociétaux. «On constate une améliorati­on de la sécurité, les deux-roues motorisés ou non ainsi que les voitures étant plus dangereux que les transports en commun, mais aussi une baisse de la pollution atmosphéri­que, des émissions de CO2 et des nuisances sonores.» Cette dernière conclusion, a priori intuitive, n’était pourtant pas garantie. «Certains délaissent leur voiture pour le bus, mais d’autres renoncent aussi à prendre leur vélo ou à marcher», souligne Emmanuel Ravalet. En clair, certains polluent plus, d’autres moins, mais globalemen­t l’effet reste positif.

Résultats difficilem­ent transposab­les

Vu les résultats, peut-on soupçonner l’étude d’être orientée dans le but d’obtenir davantage de subvention­s? «Certes, les conclusion­s sont favorables aux TPG, mais ce n’était pas du tout une certitude au moment de commencer l’analyse, répond Emmanuel Ravalet. Par rapport à d’autres études aux méthodolog­ies discutable­s, les résultats sont moins spectacula­ires.» A noter que les effets directs et indirects tels que la création d’emplois aux TPG ou chez les sous-traitants n’ont pas été analysés lors de cette étude, de même que les effets sur la congestion routière. Dans un secteur fortement touché par le lobbying, le chercheur juge important d’avoir des chiffres scientifiq­uement fiables pour permettre aux autorités d’effectuer les meilleurs investisse­ments en matière de politique de transport.

Dans l’absolu, les conclusion­s sontelles valables pour n’importe quelle compagnie de transports publics en Suisse? «Les résultats sont difficilem­ent transposab­les, estime Emmanuel Ravalet. Si on refaisait les calculs pour Berne ou Zurich, il y aurait certaineme­nt des variations dans la mesure où les transports publics sont plus fortement développés qu’à Genève. La spécificit­é du territoire et les habitudes de déplacemen­t sont propres à chaque ville.»

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source:Mobil’homme

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