Le Temps

Le titre de 2009, une oasis dans le désert

Depuis dix ans, les équipes de Suisse de jeunes peinent à se qualifier pour les phases finales des grands tournois. Le titre mondial des M17 était plus une merveilleu­se exception qu’une nouvelle norme

- LAURENT FAVRE @LaurentFav­re

La Coupe du monde M17 se déroule actuelleme­nt au Brésil. Les demi-finales opposeront jeudi le Mexique aux Pays-Bas et vendredi le pays organisate­ur à la France, qui a surclassé l'Espagne (6-1) en quart de finale. La Suisse, désormais entraînée par Stefan Marini, ne s'est pas qualifiée. En fait, depuis

le titre mondial de 2009, les M17 ne se sont plus jamais qualifiés pour la Coupe du monde (organisée tous les deux ans). Ils ne s'étaient jamais qualifiés avant non plus.

Chaque année impaire, la FIFA propose deux Coupes du monde, pour les M17 et les M20. L'UEFA organise, elle, annuelleme­nt des Championna­ts d'Europe M17 et M19, et tous les deux ans un Championna­t d'Europe M21, qualificat­if pour les Jeux olympiques, une compétitio­n réservée aux moins de 23 ans. Sur ces diverses compétitio­ns, le bilan suisse depuis le titre de 2009 est plutôt maigre. En M17, l'équipe de Suisse ne s'est qualifiée que quatre fois ces dix dernières années, dont une fois seulement lors des cinq dernières années, pour la phase finale du Championna­t d'Europe, où elle n'a jamais dépassé le premier tour. En M19, aucune participat­ion au Championna­t d'Europe depuis 2009 (1er tour).

La Suisse ne s'est jamais qualifiée pour la Coupe du monde M20. Elle a en revanche brillé en M21, en atteignant la finale du Championna­t d'Europe espoirs en 2011. L'ossature de l'équipe était celle des M17 de 2009, renforcée par quelques joueurs de la génération 1991 (Fabian Frei, Admir Mehmedi, Xherdan Shaqiri). Battue par l'Espagne, la Suisse gagnait son ticket pour les Jeux olympiques 2012 à Londres, une première depuis… 1928!

Acquérir de l’expérience

Avant le titre mondial des M17 en 2009, les sélections suisses de jeunes avaient une première fois brillé sur le plan européen entre 2002 et 2004: victoire au Championna­t d'Europe en 2002 pour les M17 de la génération Senderos-Ziegler-Barnetta, demi-finale la même année de l'Euro M21, à domicile, pour les «Rougets» Frei, Magnin, Cabanas, et phase finale de l'Euro M21 en 2004.

«Les sélections de jeunes ne servent pas à remplir l'étagère de trophées mais à permettre à nos jeunes talents de se frotter au haut niveau, de découvrir d'autres footballs, de s'habituer au contexte des équipes nationales, d'acquérir de l'expérience, tout ce qui peut faciliter leur progressio­n pour un jour être sélectionn­és en équipe A», explique Gérard Castella, actuel directeur de la formation à Young Boys après avoir travaillé durant sept ans (de 2010 à 2017) comme formateur à l'ASF, notamment à la tête des M19. Pour le Genevois, les résultats des sélections ne sont pas pertinents pour juger du niveau de la formation en Suisse. «Se qualifier pour les phases finales est bien sûr l'objectif mais il est très difficile à atteindre, bien plus qu'en A, souligne-t-il. En Europe, il y a un tour qualificat­if, un tour élite, il est dur de s'en extraire, surtout si l'on tombe dans le groupe de l'Allemagne ou de l'Espagne. Et pour les Coupes du monde, il n'y a que cinq places pour l'Europe.»

Rebattre les cartes

La Suisse n'ayant pas le réservoir de ses voisins italiens ou français, il lui faut tomber sur la bonne génération la bonne année. Ainsi, les «1992» étaient-ils trop jeunes pour la Coupe du monde M20 de 2011 et trop vieux pour celle de 2013 (remportée par la France de Pogba, Areola, Kondogbia, Umtiti, Thauvin, Digne, Zouma, et sans Varane blessé). A voir le parcours des M17 de 2009 n'ayant pas percé au plus haut niveau, on peut s'étonner que, internatio­naux depuis les M15, ils aient ensuite été très souvent sélectionn­és jusqu'en M20 ou M21. N'a-t-on pas tendance à s'enferrer dans une filière? Gérard Castella entend la remarque mais réfute la critique. «Le but est de participer aux phases finales avec les M17, M19, M21. A 18 ans et 20 ans, ou rouvre le cadre, on élargit, on brasse pour offrir une place à ceux qui ont pu passer à côté. Des Vargas, Akanji, Von Balmoos sont revenus dans le circuit comme ça, sur le tard.»

Le bilan dix ans après des joueurs de la génération 1992 – une quinzaine de profession­nels, cinq internatio­naux dont trois piliers de la Nati – est considéré par les formateurs de l'ASF comme «exceptionn­el». Raison supplément­aire pour que leur parcours demeure unique.

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