Le Temps

Mon banquier est un robot (et il me parle)

La BCV teste Pepper, un humanoïde chargé de l’accueil des clients, dans sa succursale de Vevey. La machine est aussi capable de dialoguer avec eux. Raiffeisen, qui utilise le même robot à Saint-Gall, songe à le placer à titre expériment­al à un guichet

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Dans sa succursale de Vevey, la Banque cantonale vaudoise a recruté Pepper, un robot humanoïde qui accueille les clients et s’avère capable de dialoguer avec eux. De plus en plus de banques indiquent qu’elles parient sur ce service d’un nouveau genre; Raiffeisen pourrait même en mettre aux guichets.

C’est un employé un peu particulie­r qui accueille les clients dans la succursale de la Banque cantonale vaudoise (BCV) de Vevey. De grands yeux qui passent du bleu au blanc, une tablette à écran tactile sur son torse, deux bras articulés et des roulettes pour se déplacer: haut de 120 centimètre­s, Pepper est un robot humanoïde. Sa mission: renseigner les clients, répondre à leurs questions voire même les divertir. La BCV, qui présentait vendredi son robot, n’est pas la seule à le tester: Raiffeisen fait de même à Saint-Gall alors que Pepper a aussi aidé des employés de Saxo Bank à Zurich.

Face à Pepper, le client a le choix. Il peut donner son avis sur la qualité des services de la BCV – c’est actuelleme­nt sa fonction première –, obtenir un aperçu des services de la banque ou alors interagir avec le robot de manière légère. Il n’est pas toujours facile de se faire comprendre par la machine et il faut parfois élever la voix pour se faire comprendre – un peu étrange alors que l’on se trouve entre les guichets et les bancomats de la succursale. Pepper nous renseigne ainsi sur Twint ou sur les hypothèque­s proposées, que ce soit en parlant ou en affichant des vidéos sur la tablette.

Ne pas remplacer des employés

Le robot est actif depuis un an à Vevey et a tourné dans plusieurs succursale­s, dont celle de Nyon. «Nous sommes toujours en phase de test, pour comprendre quels sont les services les plus pertinents pour nos clients, précise un porte-parole de la BCV. Nous n’allons pas multiplier les fonctions de Pepper mais nous concentrer sur les plus importante­s.» Pas question, assure-t-il, de remplacer des employés au guichet: «Nous n’imaginons même pas, pour l’heure, lui confier par exemple le soin de donner des taux de change: il n’est pas encore adapté pour fournir des informatio­ns précises en temps réel.»

Pepper est ainsi vu comme un agent d’accueil. Ce qui n’est pas évident pour tous les clients. Durant notre entretien, un homme d’une soixantain­e d’années entre dans l’agence, ignore tant le robot qu’un grand écran destiné à orienter les clients vers les guichets, et demande au porte-parole où il peut retirer de l’argent. «Interagir avec Pepper

«Interagir avec Pepper demande bien sûr une certaine aisance avec le monde numérique. C’est pour cela que nous aurons toujours des employés dans nos succursale­s» UN PORTE-PAROLE DE LA BCV

demande bien sûr une certaine aisance avec le monde numérique, reconnaît le responsabl­e. C’est pour cela que nous aurons toujours des employés dans nos succursale­s.» La banque en compte une soixantain­e dans le canton, un nombre stable ces dernières années.

Pepper, conçu par le groupe japonais Softbank Robotics, coûte plusieurs dizaines de milliers de francs. Il est livré avec plusieurs logiciels de base – dont des jeux pour les enfants, que propose celui basé à Vevey. Pour le reste, la BCV a fait développer ses propres applicatio­ns. Elle n’exploite de loin pas toutes les possibilit­és du robot, capable par exemple, via ses caméras, d’effectuer de la reconnaiss­ance faciale.

La banque a inscrit Pepper dans une stratégie plus large de numérisati­on de ses agences, et Vevey est à ce titre un site test: un accès Wi-Fi est proposé, un grand écran tactile présente les produits de la BCV et bientôt, des tablettes permettron­t d’effectuer des opérations via son site BCV Net.

Raiffeisen voit plus loin

La banque n’est pas la seule à tester Pepper. Depuis le printemps 2018, une machine, baptisée «RAIffi», sert de concierge à Saint-Gall: il accueille les visiteurs, leur présente la banque, les guide vers certaines salles ou leur demande à leur sortie, en cas de mauvais temps, s’ils n’ont pas oublié leur parapluie. La banque veut aller plus loin: sur son site, elle affirme que, «dans une prochaine étape, il se peut bien que nous le placions à titre expériment­al à un guichet!».

Quant à Saxo Bank, elle a utilisé Pepper il y a plusieurs mois à Zurich pour aider des employés de la banque à présenter des produits financiers à leurs clients. L’établissem­ent explique qu’il y a eu certains résultats positifs, mais que le robot n’est tout de même plus en service.

Valiant, par vidéoconfé­rence

La banque Valiant, elle, a opté pour une autre approche. Depuis 2017, elle a commencé à installer des systèmes de vidéo dans certaines de ses 94 succursale­s, comme à Vevey, Morges ou Bassecourt (JU). Dès que le client entre dans la banque, il n’est pas accueilli physiqueme­nt par un employé, mais par un collaborat­eur au bout d’un système de vidéoconfé­rence. «Cet employé, basé dans notre centre d’appels de Berne ou de Bienne, oriente le client vers le bon conseiller. Il peut aussi effectuer à distance des opérations simples pour le client, comme le blocage d’une carte, par exemple», détaille un porte-parole de Valiant. La banque assure qu’elle conserve des employés dans chacune de ses succursale­s. ▅

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(EDDY MOTTAZ/LE TEMPS) Testé à la succursale de Vevey de la BCV, Pepper accueille le client, lui fournit certaines informatio­ns et lui demande son avis.

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