MATERNITÉ ET INSTANTANÉS DE VIE
Ils ont en commun leur couverture jaune soleil et une voix qui s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants: deux albums célèbrent le rapprochement, l’allusion, l’implicite
Une maman, c’est comme une maison se focalise, on s’en doute, sur la maternité. En une quarantaine de brèves comparaisons (une maman, c’est comme un nid, une maman, c’est comme une mélodie, un arbre, un médicament, une ogresse), les premiers mois d’un tout-petit et de ses parents défilent en des scènes vivement colorées: l’enfant est bercé, consolé, soigné, la maman joue, nourrit, dévore de baisers. Le papa est là, souvent, mais c’est la relation avec la mère qui est ici célébrée.
La syntaxe, simple et répétitive, évoque une comptine, et l’écart malicieux entre texte et image ouvre le sens: «une maman, c’est comme la lune dans la nuit» montre un face-à-face nocturne entre le bébé et sa mère, plus loin l’allaitement suggère «une maman, c’est comme une fontaine».Aurore Petit raconte le quotidien merveilleusement banal d’une toute jeune famille en des scènes où peu à peu le jeu succède au bercement, où les premiers pas annoncent l’émancipation.«Une maman, c’est comme une maison», la phrase initiale est reprise à la toute fin, il ne s’agit plus alors d’un cocon où le bébé se niche, mais d’un lieu dont l’enfant s’éloigne – à peine.Un album aux couleurs flashy et à la tendresse assidue.
EN TEMPS VOULU
C’est une bien belle collaboration que celle de Christian Demilly (ses phrases sobres et sibyllines) et de Laurent Moreau (ses images à la végétation heureuse, presque omniprésente). «Il y a un temps pour reculer, et un temps pour avancer», «Il y a un temps pour se taire, et un temps pour parler», mais aussi pour oublier et se souvenir, pour garder et jeter. Jouant entre le dévoilement et la dissimulation, entre l’essentiel et le futile,
Un Temps pour tout dit le chemin d’une vie, la naissance d’un couple. La rencontre, les ententes et mésententes, les moments de joie et de doute, puis l’attente d’un enfant, sa naissance. Tout est temporalité, tout est changement, l’existence est montrée comme une succession d’instants et d’émotions.
La beauté de cet ouvrage tient (aussi) à son ancrage culturel: une sagesse proche des paroles bibliques, mais dans un esprit totalement profane, des citations ou hommages à des peintres, Matisse assurément, peut-être Munch, Léger, Magritte, qu’importe; ce qui compte, c’est la joie des couleurs, la lumière des mots.