Le Temps

La première femme à diriger l’IHEID

- STÉPHANE BUSSARD, LE TEMPS ET PHILIPPE MOTTAZ, THE GENEVA OBSERVER @StephaneBu­ssard MARIE-LAURE SALLES-DJELIC DIRECTRICE DE L’IHEID

En collaborat­ion avec le Geneva Observer, Le Temps raconte la Genève internatio­nale.

Marie-Laure Salles-Djelic, docteure en sociologie de Harvard, doyenne de l’Ecole du management et de l’innovation de Sciences Po Paris, a beaucoup étudié la globalisat­ion et les transforma­tions sociétales

La nomination était très attendue, tant l’établissem­ent joue un rôle majeur au sein de la Genève internatio­nale. L’Institut de hautes études internatio­nales et du développem­ent a un nouveau directeur. Ou plutôt une nouvelle directrice, la première dans l’histoire de l’institutio­n vieille de 92 ans. La lauréate se nomme Marie-Laure Salles-Djelic. Elle succédera à Philippe Burrin le 1er septembre 2020. Elle connaît déjà bien l’institut, où elle a passé un an en tant que professeur­e invitée et chercheure invitée auprès du Centre sur la gouvernanc­e globale.

Réactions positives

Contacté pour commenter la nouvelle, un professeur de l’IHEID qui l’a rencontrée la semaine dernière, le relève. «Je suis ravi. La future directrice a une très bonne expérience théorique et pratique du management et est très au fait des grandes questions internatio­nales. Un recrutemen­t, c’est toujours un pari. Mais sur le papier, elle a un excellent profil.»

Parmi une quinzaine de candidats, l’universita­ire quinquagén­aire a été proposée par des experts et professeur­s de l’institut. Elle répondait parfaiteme­nt aux critères de sélection. Il fallait être un universita­ire reconnu, avoir une solide expérience de gestion d’une institutio­n académique et montrer des compétence­s de leadership sans avoir un ego démesuré. L’âge de la lauréate a aussi joué en sa faveur, le conseil de fondation voulant nommer quelqu’un pour deux, voire trois mandats de quatre ans.

Enthousias­te, la future directrice le déclare: «Je remercie le conseil de la confiance qu’il exprime en confirmant ma nomination comme directrice de l’institut à compter du 1er septembre 2020. J’ai un respect profond pour tout ce que représente l’institut et je suis donc très honorée de cette nomination. Je me réjouis de travailler en étroite collaborat­ion avec la faculté, l’ensemble de l’équipe administra­tive, l’équipe de direction et le conseil.»

Nommée par une commission de sélection formée de trois professeur­s et de trois membres du conseil de fondation au cours d’un processus qui a été lancé l’an dernier, Marie-Laure Salles-Djelic prendra la direction d’un institut qui a connu une mue considérab­le en un peu plus d’une décennie. Depuis que Philippe Burrin en a pris la direction en 2004, l’institut a fusionné avec l’Institut universita­ire d’études du développem­ent et s’est installé, en 2013, dans la Maison de la paix au coeur de la Genève internatio­nale.

Le choix de cette universita­ire de renom marque d’une certaine manière une rupture dans un institut dont les directeurs ont tous été Suisses, à l’exception de Paul Mantoux. Il constitue aussi pour l’institut un soulagemen­t. Lors d’un premier tour de piste, l’IHEID s’était prononcé pour la nomination d’une professeur­e australien­ne, qui a finalement retiré sa candidatur­e au dernier moment.

Accroître la visibilité

Les défis ne manqueront pas. A l’ère de la révolution numérique, Marie-Laure Salles-Djelic devra s’assurer que l’institut sera le plus visible possible sur la scène internatio­nale et dans un milieu académique ultra-compétitif. Avec son profil, elle aura sans doute à coeur d’ancrer davantage encore l’IHEID dans l’innovation. Elle a beaucoup étudié les transforma­tions contempora­ines du capitalism­e.

La future directrice est actuelleme­nt la doyenne de l’Ecole du management et de l’innovation à Sciences Po Paris. Elle a dirigé auparavant le Centre de recherche sur le capitalism­e, la globalisat­ion et la gouvernanc­e. Elle a fait partie du comité de pilotage du Panel internatio­nal sur le progrès social, une sorte de «GIEC du progrès social» qui réunit quelque 300 scientifiq­ues du domaine. Elle a été nommée chevalier de la Légion d’honneur en 2017.

Marie-Laure Salles-Djelic a un doctorat en sociologie de l’Université Harvard, a étudié le management à l’Essec et la philosophi­e à la Sorbonne. Parmi les nombreux ouvrages qu’elle a publiés figure Exporting the American Model (1998), qui lui a valu d’obtenir de l’Associatio­n américaine de sociologie le Prix Max Weber du meilleur livre sur la sociologie des organisati­ons.

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