La première femme à diriger l’IHEID
En collaboration avec le Geneva Observer, Le Temps raconte la Genève internationale.
Marie-Laure Salles-Djelic, docteure en sociologie de Harvard, doyenne de l’Ecole du management et de l’innovation de Sciences Po Paris, a beaucoup étudié la globalisation et les transformations sociétales
La nomination était très attendue, tant l’établissement joue un rôle majeur au sein de la Genève internationale. L’Institut de hautes études internationales et du développement a un nouveau directeur. Ou plutôt une nouvelle directrice, la première dans l’histoire de l’institution vieille de 92 ans. La lauréate se nomme Marie-Laure Salles-Djelic. Elle succédera à Philippe Burrin le 1er septembre 2020. Elle connaît déjà bien l’institut, où elle a passé un an en tant que professeure invitée et chercheure invitée auprès du Centre sur la gouvernance globale.
Réactions positives
Contacté pour commenter la nouvelle, un professeur de l’IHEID qui l’a rencontrée la semaine dernière, le relève. «Je suis ravi. La future directrice a une très bonne expérience théorique et pratique du management et est très au fait des grandes questions internationales. Un recrutement, c’est toujours un pari. Mais sur le papier, elle a un excellent profil.»
Parmi une quinzaine de candidats, l’universitaire quinquagénaire a été proposée par des experts et professeurs de l’institut. Elle répondait parfaitement aux critères de sélection. Il fallait être un universitaire reconnu, avoir une solide expérience de gestion d’une institution académique et montrer des compétences de leadership sans avoir un ego démesuré. L’âge de la lauréate a aussi joué en sa faveur, le conseil de fondation voulant nommer quelqu’un pour deux, voire trois mandats de quatre ans.
Enthousiaste, la future directrice le déclare: «Je remercie le conseil de la confiance qu’il exprime en confirmant ma nomination comme directrice de l’institut à compter du 1er septembre 2020. J’ai un respect profond pour tout ce que représente l’institut et je suis donc très honorée de cette nomination. Je me réjouis de travailler en étroite collaboration avec la faculté, l’ensemble de l’équipe administrative, l’équipe de direction et le conseil.»
Nommée par une commission de sélection formée de trois professeurs et de trois membres du conseil de fondation au cours d’un processus qui a été lancé l’an dernier, Marie-Laure Salles-Djelic prendra la direction d’un institut qui a connu une mue considérable en un peu plus d’une décennie. Depuis que Philippe Burrin en a pris la direction en 2004, l’institut a fusionné avec l’Institut universitaire d’études du développement et s’est installé, en 2013, dans la Maison de la paix au coeur de la Genève internationale.
Le choix de cette universitaire de renom marque d’une certaine manière une rupture dans un institut dont les directeurs ont tous été Suisses, à l’exception de Paul Mantoux. Il constitue aussi pour l’institut un soulagement. Lors d’un premier tour de piste, l’IHEID s’était prononcé pour la nomination d’une professeure australienne, qui a finalement retiré sa candidature au dernier moment.
Accroître la visibilité
Les défis ne manqueront pas. A l’ère de la révolution numérique, Marie-Laure Salles-Djelic devra s’assurer que l’institut sera le plus visible possible sur la scène internationale et dans un milieu académique ultra-compétitif. Avec son profil, elle aura sans doute à coeur d’ancrer davantage encore l’IHEID dans l’innovation. Elle a beaucoup étudié les transformations contemporaines du capitalisme.
La future directrice est actuellement la doyenne de l’Ecole du management et de l’innovation à Sciences Po Paris. Elle a dirigé auparavant le Centre de recherche sur le capitalisme, la globalisation et la gouvernance. Elle a fait partie du comité de pilotage du Panel international sur le progrès social, une sorte de «GIEC du progrès social» qui réunit quelque 300 scientifiques du domaine. Elle a été nommée chevalier de la Légion d’honneur en 2017.
Marie-Laure Salles-Djelic a un doctorat en sociologie de l’Université Harvard, a étudié le management à l’Essec et la philosophie à la Sorbonne. Parmi les nombreux ouvrages qu’elle a publiés figure Exporting the American Model (1998), qui lui a valu d’obtenir de l’Association américaine de sociologie le Prix Max Weber du meilleur livre sur la sociologie des organisations.
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