La dégénérescence maculaire liée à l’âge progresse chez les seniors
Les cas de dégénérescence maculaire liée à l’âge vont augmenter de manière importante d’ici à 2050. Outre le vieillissement de la population, plusieurs facteurs de risque sont pointés du doigt
C’est la première cause de cécité chez les personnes âgées de plus de 50 ans et vivant dans les pays industrialisés. La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) touche près de 67 millions de personnes en Europe. Et ce chiffre pourrait augmenter de 15% d’ici à 2050, selon une méta-analyse conduite par des chercheurs allemands sur plus de 55000 personnes âgées de 60 à 81 ans et parue le 11 novembre dernier dans le British Medical Journal.
«Cette hausse attendue du nombre de cas de DMLA met en évidence le vieillissement considérable de la population auquel nous allons faire face au cours des trois prochaines décennies, commente Robert Finger, professeur au département d’ophtalmologie à l’Université de Bonn et principal auteur de l’étude. L’âge étant en effet le principal facteur dont nous avons pris compte pour parvenir à cette extrapolation.»
Plusieurs facteurs de risque
La DMLA se caractérise par une dégénérescence progressive de la macula, une zone de l’oeil permettant de voir les images avec une grande précision, de percevoir les couleurs mais aussi de fixer les objets, de lire et de reconnaître les visages. La forme dite sèche de la maladie concerne 85 à 90% des cas et se caractérise par l’accumulation de dépôts jaunâtres (appelés druses ou drusen) sous la rétine. Quant à la forme humide, à progression beaucoup plus rapide, elle se démarque par la prolifération de nouveaux vaisseaux sanguins anormaux au niveau de la macula, pouvant conduire à la formation d’oedèmes, à la mort des cellules photoréceptrices et in fine à une altération de la vision centrale.
«La DMLA va sans nul doute devenir un problème majeur de santé publique, analyse Robert Finger. Face à cela, les gouvernements devront notamment investir davantage dans la recherche afin de tenter de trouver un moyen de guérir cette pathologie ou de retarder sa progression, mais aussi dans la mise en oeuvre de messages de santé publique destinés à promouvoir le vieillissement en bonne santé.»
Plusieurs facteurs de risque peuvent en effet participer à l’apparition d’une DMLA. L’âge en fait logiquement partie. Dans ce sens, une autre méta-analyse publiée en 2015 a démontré qu’en Europe, 1,4% des personnes de 70 ans présentaient des formes avancées de la pathologie et 20% à 90 ans.
«Le tabac est aussi clairement un élément prédisposant, explique Gabriele Thumann, médecin-cheffe du service d’ophtalmologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Certaines modifications génétiques, mais aussi l’exposition répétée aux UV, de même que l’alimentation joueraient également un rôle. Suivre une diète comprenant beaucoup de fruits, de légumes et de poisson pourrait avoir un effet protecteur, selon certaines études.»
A la recherche de traitements
Pour le moment, seule la forme humide de la DMLA bénéficie de traitements, les thérapies dites anti-VEGF – des injections réalisées directement à l’intérieur de l’oeil – étant, pour l’heure, l’approche la plus efficace. «Ces dernières ne permettent pas de guérir la maladie, mais de la stabiliser. La majorité des patients parviennent ainsi à maintenir un excellent niveau de vision, se réjouit Gabriele Thumann. Il y a vingt-cinq ans, nous n’avions absolument aucun moyen de prendre en charge les personnes concernées; en ce sens, cette évolution est spectaculaire. Cependant, ces médicaments sont chers, une injection coûtant environ 1400 francs, et nécessitent que les patients viennent pratiquement tous les mois à l’hôpital.»
En Suisse, les dispositions légales en la matière imposent en effet que les injections par antiVEGF soient réalisées au bloc opératoire par un chirurgien spécialisé afin d’éviter tout risque infectieux.
Au vu de l’augmentation prévue des cas de DMLA – une tendance que la professeure genevoise constate au quotidien dans sa pratique clinique –, l’industrie pharmaceutique s’attelle, depuis plusieurs années, à développer de nouvelles thérapies, dont certaines sont déjà en phases pré-cliniques. «L’axe principal de recherche consiste à protéger au maximum les photorécepteurs de la dégénérescence, décrit cette dernière. Mais comme on ne sait toujours pas quels sont exactement les facteurs physiologiques déclencheurs de la pathologie, il est encore difficile de bien cibler les traitements.»
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