Tabac: la bataille des preuves
Philip Morris et les milieux antitabac se répondent à coups d’études scientifiques qui affirment que les sticks de tabac chauffés sont moins nocifs pour la santé. Ou pas
Sa cigarette chauffante a conquis 12 millions de personnes, dont 100000 en Suisse. Sa vente vient d’être autorisée aux Etats-Unis.
Pourtant, le groupe doit continuer son travail de persuasion. Il avait ainsi invité la presse mardi à Berne. D’abord, pour rappeler que sa cigarette chauffante n’est pas une e-cigarette et qu’elle n’est donc aucunement concernée par l’épidémie de maladies pulmonaires aux Etats-Unis.
Ensuite, dresser un bilan scientifique qui démontre, selon la responsable scientifique et médicale de Philip Morris, Edith Helmle, que ce «nouveau produit du tabac» réduit la production de substances nocives, en chauffant le tabac plutôt qu’en le brûlant. Elle a réalisé un décompte: 28 études en interne, 70 études indépendantes et sept rapports émis par des gouvernements.
Dans le camp adverse des milieux antitabac, aucun décompte n’a été réalisé. Mais certains chercheurs contredisent ces conclusions, à l’image d’une étude australienne publiée début 2019 ou de celle du CHUV, datant de 2017.
Pour Luc Lebon, de la Ligue pulmonaire vaudoise, l’histoire démontre que l’on ne peut pas faire confiance à l’industrie du tabac et que ses buts sont contraires à la santé publique. «Selon l’OMS, certaines substances nocives sont plus abondantes dans la fumée des cigarettes chauffées que dans les conventionnelles», précise-t-il. Avant d’avancer un autre contre-argument: «Le risque de maladies dépend beaucoup plus du nombre d’années de consommation que de la quantité fumée.»
Quatre fois moins de taxes
Enfin, le troisième objectif de Philip Morris était de rappeler sa mission: proposer une alternative à «ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas arrêter», selon les mots du patron pour la Suisse, Dominique Leroux. Le groupe milite pour que la future loi sur le tabac, toujours en discussion aux Chambres, fasse la distinction entre les anciens et les nouveaux produits et permette une meilleure communication sur ces derniers.
Fiscalement parlant, la Suisse a en tout cas déjà fait la différence. Les sticks sont taxés à hauteur de 12%, contre 54% pour les cigarettes traditionnelles. Pourtant, leurs prix de vente sont similaires. Dominique Leroux le justifie par les 6 milliards de dollars investis dans la R&D depuis 2008, ainsi que par le besoin de conseil que nécessitent la vente et la promotion d’une nouvelle façon de fumer (100 personnes en Suisse). Le responsable admet toutefois que Philip Morris fait plus de marges sur un produit qui génère 14% de ses revenus totaux.
Iqos est déjà une réussite commerciale. Et cela, aucune étude n’a tenté de prouver le contraire. ▅