Le Temps

EasyJet promeut sa neutralité carbone

- RICHARD ÉTIENNE RiEtienne

La compagnie orange compense l’intégralit­é de ses émissions depuis mardi. Tout en continuant à produire chaque année davantage de gaz polluants

Depuis ce mardi 19 novembre, EasyJet est «carbone neutre». La première compagnie européenne en termes de réseau a annoncé que les émissions polluantes de ses avions étaient compensées par le biais de deux normes de vérification strictes, Gold Standard et VCS (Verified Carbon Standard). Le groupe orange s’engage à débourser 25 millions de livres (32 millions de francs) par an, soit 5% de son bénéfice, dans des projets de reforestat­ion en Amazonie, d’énergies renouvelab­les en Inde et communauta­ires en Afrique.

«C’est une avancée importante mais pas un effort nouveau», a souligné Thomas Haagensen, directeur des marchés de la compagnie, dans les locaux de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) mardi.

Vers un avion hybride?

«Compenser les émissions, c’est ce qu’on peut faire aujourd’hui», a renchéri Jean-Marc Thévenaz, directeur exécutif d’EasyJet Switzerlan­d, la filiale du groupe en Suisse. «L’avion du futur, lui, pourrait être propre», a-t-il ajouté. Le transporte­ur a signé avec son fournisseu­r, Airbus, un partenaria­t dans l’élaboration d’appareils hybrides électriques, qui pourraient être déployés dans l’aviation de ligne en 2050.

Le transporte­ur investit depuis longtemps dans une flotte jeune. Ses nouveaux Airbus A321neo utilisent 15% de carburant en moins et feraient deux fois moins de bruit que les anciens (aucun n’est encore basé en Suisse, notamment parce que la compagnie les utilise pour des vols longs, qui ne partent donc pas d’un pays situé au milieu du continent). Les émissions de gaz carbonique par passager chez EasyJet sont passées de 116 grammes par kilomètre en 2000 à moins de 78 cette année, souligne l’entreprise.

«L’annonce d’EasyJet, c’est bon sur le papier, mais le carbone est quand même émis» LISA MAZZONE, CONSEILLÈR­E NATIONALE (VERTS/GE)

Le transporte­ur à bas coût met moins en évidence les chiffres portant sur ses émissions globales, qui ne cessent de croître. En 2020, sa flotte (315 avions, contre 196 en 2010) devrait émettre 8,5 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2), deux fois plus qu’en 2010.

Quant au principe de racheter du carbone, il ne convainc pas tout le monde. «L’annonce d’EasyJet, c’est bon sur le papier, mais le carbone est quand même émis», selon la conseillère nationale Lisa Mazzone (Verts/GE). «Les progrès de la technologi­e dont on parle sont nécessaires, mais il y a urgence; or ils portent seulement sur des vols très courts», ajoute la politicien­ne romande alors que, selon elle, l’aviation fait une concurrenc­e déloyale au train, en étant exemptée de taxes sur les vols internatio­naux.

L’aviation représente 2% des émissions mondiales de CO2, selon l’Organisati­on de l’aviation civile internatio­nale.

Aucun effet Greta Thunberg

Durant sa dernière année financière (de septembre 2018 à septembre 2019), le groupe européen a transporté plus de 96 millions de personnes, contre 95,2 millions sur l’exercice précédent. Son bénéfice avant impôt a, lui, baissé de 528 millions de livres à 427 millions de livres.

En Suisse, EasyJet a transporté 15,1 millions de passagers: 8,4 millions à Cointrin (+1,5% sur un an), 5,8 millions à Bâle-Mulhouse (+13,7%) et près de 1 million à Zurich (un chiffre stable). C’est la deuxième partie de l’année – cet été – qui a été la plus prolifique. Comme quoi l’effet Greta Thunberg ou le flygskam («honte de voler» en suédois), qui freineraie­nt l’essor de l’aviation, sont peu perceptibl­es en Suisse. ▅

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