EasyJet promeut sa neutralité carbone
La compagnie orange compense l’intégralité de ses émissions depuis mardi. Tout en continuant à produire chaque année davantage de gaz polluants
Depuis ce mardi 19 novembre, EasyJet est «carbone neutre». La première compagnie européenne en termes de réseau a annoncé que les émissions polluantes de ses avions étaient compensées par le biais de deux normes de vérification strictes, Gold Standard et VCS (Verified Carbon Standard). Le groupe orange s’engage à débourser 25 millions de livres (32 millions de francs) par an, soit 5% de son bénéfice, dans des projets de reforestation en Amazonie, d’énergies renouvelables en Inde et communautaires en Afrique.
«C’est une avancée importante mais pas un effort nouveau», a souligné Thomas Haagensen, directeur des marchés de la compagnie, dans les locaux de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) mardi.
Vers un avion hybride?
«Compenser les émissions, c’est ce qu’on peut faire aujourd’hui», a renchéri Jean-Marc Thévenaz, directeur exécutif d’EasyJet Switzerland, la filiale du groupe en Suisse. «L’avion du futur, lui, pourrait être propre», a-t-il ajouté. Le transporteur a signé avec son fournisseur, Airbus, un partenariat dans l’élaboration d’appareils hybrides électriques, qui pourraient être déployés dans l’aviation de ligne en 2050.
Le transporteur investit depuis longtemps dans une flotte jeune. Ses nouveaux Airbus A321neo utilisent 15% de carburant en moins et feraient deux fois moins de bruit que les anciens (aucun n’est encore basé en Suisse, notamment parce que la compagnie les utilise pour des vols longs, qui ne partent donc pas d’un pays situé au milieu du continent). Les émissions de gaz carbonique par passager chez EasyJet sont passées de 116 grammes par kilomètre en 2000 à moins de 78 cette année, souligne l’entreprise.
«L’annonce d’EasyJet, c’est bon sur le papier, mais le carbone est quand même émis» LISA MAZZONE, CONSEILLÈRE NATIONALE (VERTS/GE)
Le transporteur à bas coût met moins en évidence les chiffres portant sur ses émissions globales, qui ne cessent de croître. En 2020, sa flotte (315 avions, contre 196 en 2010) devrait émettre 8,5 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2), deux fois plus qu’en 2010.
Quant au principe de racheter du carbone, il ne convainc pas tout le monde. «L’annonce d’EasyJet, c’est bon sur le papier, mais le carbone est quand même émis», selon la conseillère nationale Lisa Mazzone (Verts/GE). «Les progrès de la technologie dont on parle sont nécessaires, mais il y a urgence; or ils portent seulement sur des vols très courts», ajoute la politicienne romande alors que, selon elle, l’aviation fait une concurrence déloyale au train, en étant exemptée de taxes sur les vols internationaux.
L’aviation représente 2% des émissions mondiales de CO2, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale.
Aucun effet Greta Thunberg
Durant sa dernière année financière (de septembre 2018 à septembre 2019), le groupe européen a transporté plus de 96 millions de personnes, contre 95,2 millions sur l’exercice précédent. Son bénéfice avant impôt a, lui, baissé de 528 millions de livres à 427 millions de livres.
En Suisse, EasyJet a transporté 15,1 millions de passagers: 8,4 millions à Cointrin (+1,5% sur un an), 5,8 millions à Bâle-Mulhouse (+13,7%) et près de 1 million à Zurich (un chiffre stable). C’est la deuxième partie de l’année – cet été – qui a été la plus prolifique. Comme quoi l’effet Greta Thunberg ou le flygskam («honte de voler» en suédois), qui freineraient l’essor de l’aviation, sont peu perceptibles en Suisse. ▅