Les agents de joueurs, ingérables et incontournables
L’Université de Lausanne propose jeudi 21 novembre un colloque sur la place et le rôle des agents, au moment où la FIFA est en pleine réflexion sur le sujet
La Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique de l’Université de Lausanne organise chaque année une demi-journée de réflexion consacrée au droit du sport. Celle de ce jeudi après-midi porte sur un thème d’actualité: les agents dans le football, et avec eux les questions de contrats, régulations, transferts. Destiné à un public très averti ou professionnel, le colloque réunit des avocats, des juristes du Tribunal arbitral du sport, les agents de joueurs Lorenzo Falbo et John Dario, des universitaires et un représentant du département Global Transfers & Compliance de la FIFA.
La Fédération internationale se penche actuellement sérieusement sur le dossier des agents. Le 26 octobre à Kigali, le Conseil de la FIFA a accepté les recommandations d’un groupe de travail devant mener à une réforme du marché des transferts, et prévoyant notamment de réintroduire la licence d’agent de joueur, qui avait été abandonnée en 2015 (au profit d’un système d’enregistrement d’intermédiaires).
Toujours plus d’agents et d’argent
A l’étude également, la création d’une chambre de compensation, gérée par une banque, et chargée de collecter et de reverser aux clubs formateurs les indemnités de formation prélevées sur chaque transfert. De nombreuses fédérations, qui exportent quantité de joueurs lorsqu’ils sont jeunes et n’ont pas encore atteint leur valeur maximale – des pays typiquement comme la Serbie ou la Croatie –, se plaignent en effet de ne jamais recevoir le pourcentage qui leur est dû.
La part versée aux agents de joueurs de football est, elle, de plus en plus grande. Enorme, même. Les commissions représentent un marché estimé pour l’année 2018 à plus de 500 millions de francs, en hausse de 150% depuis cinq ans. Dans certains transferts de joueurs superstars, elles atteignent plusieurs dizaines de millions de francs. Autre inflation: le nombre d’intermédiaires. Dans une transaction importante, il y a désormais l’agent qui connaît le club, l’agent qui connaît le joueur, éventuellement l’agent qui connaît l’entraîneur, l’agent qui connaît les montages financiers, etc.
«C’est un sujet très complexe, face auquel la FIFA se retrouve un peu démunie parce que cette activité économique prospère à l’écart de son domaine de compétence, observe Shervine Nafissi, chargé de cours et organisateur du colloque. En discutant avec des agents pour préparer ce colloque, on sent qu’eux-mêmes seraient favorables à des mesures qui permettraient de légitimer et crédibiliser leur profession.»
Le projet de la FIFA prévoit de plafonner le montant des commissions (10% du montant du transfert pour les agents du club vendeur, 3% de la rémunération du joueur pour ses agents) et de limiter le nombre d’intermédiaires. «Il n’y a pas de solution simple, prévient Shervine Nafissi. On verra ce qu’amènent les prochaines réformes mais il y aura toujours un moyen de les contourner, et la réglementation aura toujours un temps de retard.»
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à partir de 14h. Quartier UNIL-Chamberonne, bâtiment Internef, salle 275. Entrée: 300 francs (tarifs spéciaux sur demande pour avocats stagiaires, stagiaires notaires, doctorants, étudiants). Inscription et renseignements: www.unil.ch/cedidac/inscription