Réduire les émissions de CO2, oui, mais à quel rythme?
Alors que l’ONU publie un rapport qui appelle à réduire d’urgence les émissions de CO2, l’initiative «Pour les glaciers» a abouti, avec plus de 125000 signatures récoltées en cinq mois
■ Lancée par l’Association suisse pour la protection du climat, elle demande que l’on réduise les émissions de CO2 à zéro d’ici à 2050 et que les objectifs de l’Accord de Paris soient inscrits dans la Constitution
■ Le Conseil fédéral avance les mêmes objectifs, signe d’une vraie évolution de la position gouvernementale. Mais un gouffre demeure sur les moyens de limiter les émissions carbone
Sa commission n’ayant pas eu le temps d’achever ses travaux, la Chambre du peuple s’attaquera à la loi sur le CO2 en mars 2020 seulement
Ce devait être le plat de résistance de la session de décembre du Conseil national: la révision totale de la loi sur le CO2, sur laquelle elle se penche de nouveau, un an après l'avoir enterrée à la suite d'une alliance contre nature entre l'UDC et la gauche. Mais sa Commission de l'environnement, la Ceate pour les initiés, n'a pas réussi à achever ses travaux. Ce lundi 25 novembre, alors qu'elle avait encore plusieurs dizaines d'amendements à traiter, elle a préféré passer le relais à celles et ceux qui ont été élus lors des dernières élections fédérales. Le débat en plénum est donc reporté en mars 2020.
Cohérence
Cette décision a le mérite de la cohérence. Désormais composée d'une majorité de centre gauche à la suite de la vague verte du 20 octobre dernier, la nouvelle commission pourrait légèrement durcir la version issue du Conseil des Etats. Comme lui, elle se dit favorable à ce que la Suisse mette en oeuvre l'Accord de Paris sur le climat en prenant des mesures concrètes durant la prochaine décennie. Elle suit aussi la Chambre haute en approuvant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% d'ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990.
Lors de sa dernière séance dans son actuelle composition, la Ceate a juste eu le temps de procéder à des auditions, puis d'élaborer une réglementation visant à réduire considérablement les émissions de CO2 générées par les bâtiments. Mais elle n'a pas pu traiter de sujets importants comme la taxe sur les billets d'avion et le fonds pour le climat par exemple.
Des mesures concernant les banques
Elle n'a pas non plus abordé un sujet que des mouvements citoyens comme les grévistes du climat ou Extinction Rebellion placent désormais au coeur de leurs revendications: des objectifs climatiques à fixer à la branche des banques et des assurances. Ainsi, la gauche réclame des mesures visant à ce que leurs investissements soient compatibles avec «un développement à faible émission de CO2 et résilient aux changements climatiques». Elle tient aussi à ce que la Confédération vérifie régulièrement l'atteinte de ces objectifs. Ironie de l'évolution de la composition des deux Chambres: si cette proposition a désormais des chances auprès d'un Conseil national plus progressiste, elle pourrait en revanche être enterrée par un Sénat désormais plus à droite.
▅