Le plus grand groupe sidérurgique suisse craint la faillite
Schmolz + Bickenbach comptait sur une augmentation de capital pour se redresser. Le plan, qui passait par une prise de contrôle par l’un de ses actionnaires, vient d’être refusé par le régulateur des OPA. L’entreprise lucernoise a fait appel
Le plan de sauvetage de Schmolz+ Bickenbach (S+ B) semblait sur les rails. L'un des actionnaires du plus important sidérurgiste suisse, BigPoint (17,5% des parts), s'était d'ores et déjà engagé à verser les 325 millions de francs nécessaires à l'augmentation de capital soumise au vote de l'assemblée générale extraordinaire prévue lundi prochain. Sauf que l'opération vient d'être bloquée par la Commission fédérale des offres publiques d'achats (COPA), plongeant le groupe et ses 10000 employés, dont 800 en Suisse, dans l'incertitude.
«Sans cette augmentation de capital, nous risquons de nous retrouver rapidement dans une situation d'insolvabilité», alertait le groupe lucernois lundi dans un communiqué, annonçant avoir fait recours auprès de la Finma. Dans la foulée, le titre plongeait de plus de 5% en bourse. Et mardi, la faîtière Swissmem sortait de sa réserve habituelle pour appeler le gendarme des marchés à annuler la décision de la COPA, craignant une faillite de l'entreprise fondée il y a 170 ans.
Lutte de pouvoir
En toile de fond, une lutte de pouvoir entre les deux grands actionnaires du groupe: BigPoint, la société de participations en mains de Martin Haefner, propriétaire de l'importateur automobile Amag, et Liwet, le véhicule d'investissement aux mains du milliardaire russe Viktor Vekselberg. BigPoint exigeait de détenir au moins 37,5% des parts au terme de l'opération. Or, lorsque la prise de participations dépasse 33,3%, la législation impose de soumettre une offre publique d'achat. A moins d'obtenir une dérogation de la COPA, s'il en va de la survie du groupe, ce que Martin Haefner a demandé fin octobre.
Deux semaines plus tard, Liwet, qui détient pour l'heure près de 27% des parts, adressait à son tour une demande de dérogation, estimant que 200 millions suffiraient à redresser le groupe, peut-on lire dans la décision publiée sur le site de la COPA.
AG extraordinaire maintenue
L'instance de surveillance a rejeté les deux demandes, estimant ne pas pouvoir exclure d'emblée la possibilité pour le groupe de se redresser avec une augmentation de capital plus modeste, qui n'impliquerait pas un changement de contrôle, justifie-t-elle.
Le groupe maintient la tenue de son assemblée générale extraordinaire lundi prochain, a confirmé mardi au Temps un porte-parole. Il espère en outre que la Finma statuera rapidement sur le recours, «il lui faut habituellement deux à trois semaines», indique ce porte-parole.
Schmolz+ Bickenbach a lourdement souffert des taxes sur l'acier, liées au conflit commercial entre Washington et Pékin. Au troisième trimestre, l'entreprise affichait une perte nette de 420 millions d'euros (462 millions de francs) et un endettement net de 724 millions d'euros, contre 709 millions à la fin de deuxième trimestre 2019. L'action a chuté de 11,11% mardi et a perdu 92,21% en dix ans.
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