Noël, la joie au coeur
A travers une relation sentimentale intermittente, une fille à la dérive trouve un sens à la vie durant l’Avent. Signé par un affreux jojo, «Last Christmas» répand le poil à gratter avant de rallier l’esprit de Noël
Kate (Emilia «Daenerys» Clarke) est une fille à la dérive. Fille de migrants croates, mal dans sa peau, elle rêve d’être chanteuse, mais travaille déguisée en elfe dans un magasin d’accessoires de Noël. Elle dort sur des matelas de hasard avec un homme occasionnel ou chez des amis qui l’expulsent après des bris divers; elle ne supporte pas sa mère, elle a une relation conflictuelle avec sa soeur. Seul Tom trouve grâce à son coeur. Ce garçon au pied léger fait des apparitions sporadiques dans la vie de Kate. Il lui ouvre les yeux, lui apprend à voir les trésors cachés de la ville, à regarder le ciel plutôt que le pavé.
La paumée qui se permettait d’ironiser sur ces nobles figures de la charité que sont Bono et Mère Teresa vient à résipiscence. Elle donne un coup de main dans un refuge pour SDF, se réconcilie avec sa mère, fait la paix avec sa soeur et des cadeaux à ceux qu’elle a lésés avant d’organiser une merveilleuse fête de Noël pour les démunis.
Après avoir crépité de punchlines («Si les hommes devaient supporter les inconvénients de la grossesse, il y aurait de la bière contraceptive»), mis en scène des personnages hauts en couleur comme Santa (Michelle Yeoh), la Chinoise qui vend dans sa boutique tout ce que la Nativité a pu inspirer en matière de kitscheries (dont le Christmas Gibbon, un singe rouge qui glapit des chants de Noël…), Last Christmas se dirige vers l’apaisement. Dans une Londres brillant de mille guirlandes et immensément multiculturelle, les personnages laissent l’esprit de Noël descendre sur eux tandis que le film, qui réserve un rebondissement et un coup de théâtre inattendus, rejoint par la tangente le fantastique de Dickens dans Un Chant de Noël.
Le film emprunte son titre à une chanson de Wham! et la bande-son recourt abondamment à l’oeuvre de George Michael. Ces horripilantes ritournelles pop témoignent de l’effondrement du rock anglais dans les années 1980 et suivantes. ▅
V Last Christmas, de Paul Feig (Royaume-Uni, Etats-Unis, 2019), avec Emilia Clarke, Emma Thompson, Michelle Yeoh, Henry Golding, 1h43.
«Si les hommes devaient supporter les inconvénients de la grossesse, il y aurait de la bière contraceptive» UNE RÉPLIQUE DE «LAST CHRISTMAS»