Un banc de sardines contre Matteo Salvini
Un mouvement civique né mi-novembre après une nouvelle débâcle électorale de la gauche en octobre prend de l’ampleur. Des dizaines de milliers de «sardines» se sont réunies samedi et dimanche à Florence, Naples et Milan
La vague des «sardines» a atteint la Lombardie. Ce mouvement civique né mi-novembre en opposition à Matteo Salvini s’est rassemblé dimanche à Milan, ville d’origine du leader du parti d’extrême droite la Ligue du Nord. Les militants ont voulu ainsi reprendre la place du Dôme où, il y a sept mois, l’ancien ministre de l’Intérieur avait organisé avec ses alliés européens, en vue des élections européennes de mai, ce que les «sardines» dénoncent comme un «banquet à base de haine et de souverainisme».
Les «sardines» milanaises veulent «reprendre le droit de regarder l’autre avec un sourire et non avec la peur», écrivent les organisateurs sur leur page Facebook, d’où ils lancent les rassemblements. Ils répondent à la rhétorique anti-immigration clandestine de Matteo Salvini, bien décidés «à ne plus le laisser profiter des peurs et des difficultés» des citoyens. Des milliers de personnes étaient attendues le même jour dans d’autres villes plus petites, de Tarente au sud à Padoue au nord.
En un peu plus de deux semaines, le mouvement des «sardines» est devenu «l’ennemi le plus dangereux pour Salvini», selon un sondage diffusé fin novembre par une émission politique sur la chaîne de télévision La7: 43,6% des sondés croient dans les manifestations «anti-Salvini», quand seulement 14,4%, respectivement 10,9%, voient dans le Parti démocrate (PD) et le Mouvement 5 étoiles, les deux forces politiques alliées au gouvernement, des opposants crédibles à la Lega.
La gauche traditionnelle incapable d’affronter l’extrême droite
Ces deux partis se sont coalisés cet été pour éviter des élections anticipées et l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini, après une année à l’exécutif avec la formation de l’humoriste Beppe Grillo. Mais l’alliance des démocrates et du mouvement antisystème n’a pas réussi à entraver la popularité de la Ligue, toujours à plus de 30% d’intentions de vote.
Les «sardines» militantes sont ainsi nées de l’incapacité de la gauche traditionnelle d’affronter l’extrême droite. Après la victoire électorale de cette dernière en octobre dernier en Ombrie, une région historiquement à gauche, les premiers bancs militants sont apparus à Bologne, capitale de l’Emilie-Romagne, autrefois fief du Parti communiste et appelée aux urnes le 26 janvier. Quatre jeunes trentenaires inconnus ont tenté de réunir 6000 personnes pour dépasser, «serrées comme des sardines», le nombre de militants venus assister le 14 novembre à un meeting électoral de Matteo Salvini. Le double de personnes a répondu à l’appel.
Depuis ce rendez-vous bolognais, tout signe politique est banni des manifestations. «Ces sardines ne seront mises en boîte par personne», hurlait l’un des organisateurs du rassemblement napolitain, samedi. Des milliers d’autres «sardines» étaient réunies le même jour à Florence, chef-lieu de la Toscane, autre région ancrée à gauche qui devra choisir un nouveau gouverneur le printemps prochain.
Florence est surtout la ville de l’ancien premier ministre et ancien secrétaire du PD, Matteo Renzi. L’homme qui en a été le maire n’est plus apprécié par les «sardines» florentines, symbole selon elles d’une gauche qui ne sait plus rassembler. La réponse dimanche du leader démocrate leur donne raison. «A leurs côtés, il faudrait les saumons, capables d’aller à contre-courant pour raconter ce qu’est la politique dans ce pays», a-t-il lancé lors d’un meeting de son nouveau parti, Italia Viva, dimanche en Toscane.
▅