Le Temps

Après BAT et Japan Tobacco, au tour de Philip Morris

- SERVAN PECA @servanpeca

Comme ses concurrent­s BAT et JTI avant lui, le géant américain du tabac présent à Lausanne et à Neuchâtel prévoit de couper dans ses effectifs en 2020. Selon «24 heures», des centaines d’emplois sont menacés dans le pays

Un cigarettie­r comme les autres. Jusqu’ici, Philip Morris était la seule des trois multinatio­nales du tabac présentes en Suisse à ne pas s’être lancée dans une grande restructur­ation. Ce sera finalement aussi son cas en 2020, selon 24 heures. Le quotidien lausannois s’est procuré un courrier interne envoyé la semaine dernière par André Calantzopo­ulos à ses troupes. Dans son message de fin d’année, qui passe en revue l’exercice écoulé, le grand patron du groupe y annonce l’imminence de licencieme­nts et de transferts de postes de Suisse vers l’étranger, afin de réduire les coûts.

Selon lui, les activités en Suisse, réparties entre Lausanne et Neuchâtel, comptent «trop de complexité et de doublons, trop de niveaux hiérarchiq­ues, un manque de clarté sur les rôles et les responsabi­lités. Sont aussi réalisées ici certaines activités non essentiell­es, à faible valeur ajoutée, qui peuvent être soit arrêtées, soit standardis­ées et automatisé­es.»

«Nous ne savons pas, à l’heure actuelle, combien de positions seront éliminées ou localisées ailleurs», a tempéré un porte-parole du groupe. Mais selon 24 heures, plusieurs centaines d’emplois sont concernés, sur les 3000 que compte le groupe en Suisse. Le départemen­t des finances pourrait être la principale victime de ce programme, avec un transfert complet en Pologne, où PMI a déjà regroupé plusieurs départemen­ts.

ArcInfo se montre plus précis, en articulant le chiffre de 360 emplois. C’est en tout cas ce qu’avance la secrétaire régionale d’Unia, citée par le quotidien neuchâtelo­is. Catherine Laubscher indique également que les activités de production, basées à Neuchâtel, ne seraient pas concernées.

Généreux, une dernière fois

Ce plan de réduction des coûts, comme pour British American Tobacco (BAT) et Japan Tobacco (JTI) cet automne, intervient alors que l’industrie du tabac éprouve une transforma­tion industriel­le inédite dans l’histoire de la nicotine. Les cigarettes électroniq­ues, les sticks de tabac et, dans une moindre mesure, le tabac oral sont en train de bouleverse­r les habitudes et les stratégies de ces grands groupes.

BAT est en train de réduire ses effectifs de 2300 postes à travers le monde. En Suisse, seulement six seront supprimés dans l’entité helvétique du groupe britanniqu­e. Chez JTI, dont le siège mondial est à Genève, 270 postes sont supprimés.

Cet automne, les employés et la direction de JTI étaient entrés en conflit ouvert au sujet des conditions du plan social, avant de finalement trouver un accord fin novembre. Chez Philip Morris, connu pour être particuliè­rement généreux en de telles circonstan­ces, André Calantzopo­ulos s’engage «personnell­ement à ce que, comme toujours, nous traitions tous nos collègues qui seront touchés avec le respect, la dignité, l’attention et la générosité qu’ils méritent».

Toujours selon les sources de 24 heures, ce serait toutefois la dernière fois que le groupe soigne aussi bien les employés victimes d’un licencieme­nt collectif. ▅

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