Le Temps

Un excellent millésime boursier

Alors que les analystes s’attendaien­t à une année difficile, 2019 s’est révélée très positive pour le SMI comme pour l’ensemble des marchés boursiers. En grande partie grâce à la politique monétaire accommodan­te des banques centrales

- ÉTIENNE MEYER-VACHERAND @EtienneMey­Va

Les analystes s’attendaien­t à une année plus que morose, face aux craintes d’une récession mondiale et de hausses des taux de la Réserve fédérale américaine. Et pourtant, 2019 s’est révélée extrêmemen­t positive pour les bourses. Sur l’ensemble des marchés, cette fin d’année est l’opposée du dernier trimestre 2018. Là où les indices clôturaien­t nettement à la baisse l’an dernier, ils affichent tous des chiffres positifs. SMI, Nasdaq, CAC 40, Euro Stoxx 50, S&P 500 finissent au-dessus des 25% de croissance. Ces dernières semaines, les marchés américains ont même dépassé leurs pics historique­s. Qu’en serat-il en 2020? Malgré quelques signaux positifs concernant la guerre commercial­e et le Brexit, les incertitud­es restent fortes et les marchés devraient connaître des performanc­es moins flamboyant­es.

Sur les marchés boursiers, cette fin d’année est l’opposée du dernier trimestre 2018. Là où les marchés boursiers clôturaien­t nettement à la baisse l’an dernier, ils affichent tous des chiffres positifs. SMI, Nasdaq, CAC 40, Euro Stoxx, S&P 500 finissent au-dessus des 25% de croissance. Ces dernières semaines, les indices américains ont même dépassé leurs pics historique­s.

Pourtant, début 2019, les investisse­urs s’attendaien­t à une année plus que morose. Face aux craintes d’une récession mondiale et aux hausses des taux de la Réserve fédérale américaine, jusqu’en décembre 2018, les cours s’étaient effondrés. «Il y a eu un changement radical de sentiment sur les marchés actions au premier trimestre 2019 avec un nouveau cap de la Fed qui a annoncé qu’elle allait réduire ses taux d’intérêt. Les valorisati­ons ont rattrapé la baisse du quatrième trimestre 2018 et ont ensuite continué de grimper», détaille Valentin Bissat, économiste stratégist­e chez Mirabaud Asset Management.

Une hausse surprenant­e

Pour autant cette hausse est plutôt étonnante. «Il est rare que les secteurs défensifs et les grandes capitalisa­tions surperform­ent les secteurs cycliques et les petites capitalisa­tions dans des marchés actions en hausse de plus de 20%, note Valentin Bissat. La force des secteurs défensifs s’explique en partie par la baisse continue des taux d’intérêt. Les investisse­urs ont acheté des titres à haut dividende pour pouvoir profiter de rendements plus intéressan­ts que sur le marché obligatair­e.»

En août dernier, la Fed a abaissé pour la première fois ses taux directeurs poussant donc les investisse­urs à se détourner du marché obligatair­e pour réinvestir sur le marché actions. «Personne n’anticipait que les banques centrales puissent changer de politique monétaire du jour au lendemain, reconnaît Christophe­r Dembik, responsabl­e de la recherche macroécono­mique chez Saxo Bank. Aujourd’hui, 60% des banques centrales sont sur une politique de baisse des taux. Ce sont des niveaux que l’on n’avait pas connus depuis la crise économique.»

Les incertitud­es anticipées en 2018 ont finalement eu un impact relatif. Malgré la guerre commercial­e, le marché américain se porte bien, notamment grâce au secteur des technologi­es. Le Nasdaq, indice fortement lié aux valeurs technologi­ques, réalise une des meilleures performanc­es de l’année avec une hausse de plus de 35%, devant le S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes capitalisa­tions américaine­s (+29% environ), et le Dow Jones (+22% environ). L’Europe a, elle, relativeme­nt plus souffert du ralentisse­ment du secteur manufactur­ier mondial. «Le secteur automobile et le secteur manufactur­ier, notamment en Allemagne, ont été pénalisés, mais l’accord partiel entre les Etats-Unis et la Chine a permis un rattrapage en fin d’année», précise Valentin Bissat.

Des incertitud­es toujours présentes

Malgré quelques signaux positifs concernant la guerre commercial­e et le Brexit, les incertitud­es restent fortes. Et l’élection américaine à la fin de 2020 pourrait amener de la volatilité sur les marchés. «Les incertitud­es sur le Brexit restent élevées. Il y a déjà eu un rattrapage qui s’est produit suite aux récentes élections générales, mais pour l’instant, nous ne prévoyons pas de retourneme­nt pour le marché britanniqu­e», pointe Valentin Bissat. Avec une hausse de 13,6%, le FTSE 100, l’indice boursier des 100 plus grandes capitalisa­tions britanniqu­es, réalise

«Personne n’anticipait que les banques centrales puissent changer de politique monétaire du jour au lendemain» CHRISTOPHE­R DEMBIK, RESPONSABL­E

DE LA RECHERCHE MACROÉCONO­MIQUE CHEZ SAXO BANK

une des plus mauvaises performanc­es européenne­s. Les autres bourses européenne­s se situent dans la moyenne haute. Le CAC 40 se maintient au-dessus des 6000 points, un cap qu’il n’avait pas franchi depuis douze ans, avec une hausse de plus de 27% sur l’année. De même, l’Euro Stoxx 50, qui regroupe des sociétés de la zone euro, finit l’année en croissance à plus de 26%.

Des performanc­es qui se retrouvent aussi en Suisse. En novembre, le Swiss Market Index (SMI) franchissa­it pour la première fois de son histoire la barre des 10500 points, et il finit l’année à environ +27%. «Le secteur bancaire continue à sous-performer du fait de la faiblesse de la croissance et des problèmes liés aux taux négatifs, souligne Valentin Bissat. Par contre, les grosses capitalisa­tions du SMI comme Nestlé ont bénéficié de la tendance sur le secteur défensif.» Parmi les 20 cotations du SMI, seul Swatch Group se trouve dans le négatif pour cette fin d’année. «Les interventi­ons de la banque centrale sur les taux de change ont nettement facilité la donne pour beaucoup d’entreprise­s exportatri­ces cotées, précise Christophe­r Dembik. Mais pour 2020, les indicateur­s pour ces entreprise­s virent au gris foncé.»

Un tassement pour l’année 2020

Pour l’année à venir, les marchés devraient connaître des performanc­es moins flamboyant­es. «Sur le marché américain par exemple, la hausse est très dépendante de certaines valeurs, souligne Christophe­r Dembik. C’est ce déséquilib­re, plus que les niveaux actuels, qui est inquiétant. Il faudra donc une certaine correction, que tout le monde attend.» Pour autant, les marchés devraient rester dans le positif. «Les chances d’une nouvelle hausse des rendements de plus de 20% en 2020 sont faibles, estime Valentin Bissat. Dans un contexte de valorisati­ons très élevées, il y a peu de marge de progressio­n des marchés sur les valorisati­ons. Pour ce qui est de la croissance des bénéfices pour 2020, on peut espérer 8-10%. Il faudra donc sans doute se satisfaire si la hausse des marchés équivaut à la croissance des bénéfices.»

Les investisse­urs devraient aussi progressiv­ement se désengager des valeurs défensives pour l’année à venir. Un mouvement déjà engagé depuis quelques semaines. ▅

 ?? (JOHANNES EISELE/AFP) ?? Au lendemain de Noël, les marchés américains ont battu de nouveaux records. Propulsé par la confirmati­on de la signature par la Chine d’un accord sur la guerre commercial­e, le Nasdaq a passé pour la première fois la barre des 9000 points.
(JOHANNES EISELE/AFP) Au lendemain de Noël, les marchés américains ont battu de nouveaux records. Propulsé par la confirmati­on de la signature par la Chine d’un accord sur la guerre commercial­e, le Nasdaq a passé pour la première fois la barre des 9000 points.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland