- QUAND GRETA THUNDBERG ARRIVE À DAVOS -
Environ 10 000 manifestants ont défilé vendredi à Lausanne pour l’anniversaire du mouvement de la Grève du climat. Greta Thunberg, qui était avec eux, a promis de porter leur message au WEF la semaine prochaine. A Davos, les services de la Confédération se préparent à la venue de Donald Trump.
CLIMAT Pour le premier anniversaire de la grève du climat à Lausanne, une marche a réuni vendredi quelque 10 000 manifestants avec, parmi eux, Greta Thunberg. L’occasion pour le collectif de la grève de parler de son programme de candidature au Conseil d’Etat vaudois
La semaine fut intense pour les membres de la Grève du climat, candidats à l’élection complémentaire au Conseil d’Etat vaudois le 9 février prochain. Il y a eu l’émotion de l’acquittement, lundi 13 janvier, de 13 de ces activistes, prévenus pour avoir occupé la banque Credit Suisse sans autorisation. Pour la première fois, la justice helvétique a reconnu que la désobéissance civile pratiquée par les manifestants pour le climat se justifiait. Mais dès le lendemain, mardi, le Parquet vaudois décidait de saisir la Cour d’appel. «Des montagnes russes émotionnelles», commente Steven Tamburini, militant de 26 ans de la Grève pour le climat.
Jeudi soir, l’assemblée générale des Verts vaudois votait à 85% le soutien à Juliette Vernier, la candidate du collectif tirée au sort pour les représenter au Château cantonal. «Cette candidature défend une société plus respectueuse de l’environnement et de l’humain, elle participe à mettre sur le devant de la scène politique la question climatique», a communiqué le parti écologiste.
Un an depuis la première grève du climat
Et puis, vendredi, l’anniversaire de la première grève du climat en Suisse, le 18 janvier 2019. Pour marquer l’événement, une grande marche de la place de la Gare à Lausanne à celle de la Riponne regroupait quelque 10000 jeunes venus de tout le pays. «Le contexte est particulier, les feux en Australie nous donnent le sentiment que l’urgence est plus visible que jamais», reprend Steven Tamburini.
Le collectif de la Grève du climat, organisateur de la manifestation, profite de nous parler de son programme de candidature au gouvernement vaudois entre deux slogans scandés au mégaphone. Juliette Vernier est parmi eux, mais pour aller dans le sens de leur demande de non-personnification de la candidature, nous nous entretenons avec plusieurs d’entre eux. Il y a Paul, Mathilde, Kelmy, Loris, Steven. Ils mènent le cortège et se relaient au micro. Ils chantent et sautent avec les jeunes manifestants. Ils ont le sourire aux lèvres et une force que rien ne semble pouvoir arrêter.
Une semaine de quatre jours de travail
«Nous proposons au canton de Vaud un plan climat doté de mesures radicales. Nous y demandons par exemple de taxer les instituts financiers, afin de financer un fonds de transition écologique. Nous voulons voir émerger une nouvelle économie, et ce fonds permettra de réinsérer professionnellement les gens qui perdront leur emploi dans la transition énergétique, comme les personnels des compagnies d’aviation par exemple. Nous voulons également instaurer une semaine de quatre jours de travail, de six heures par jour, une demi-année sabbatique à la fin des études pour voyager de manière saine, et un vrai congé paternité à la scandinave. Tout cela fait partie de notre programme de décroissance, une nouvelle manière d’envisager le temps. Nous rejoignons sur différents points le collectif de la grève des femmes.»
La manifestation est quelque peu perturbée par la présence sur le devant du cortège de Greta Thunberg, égérie mondiale de la lutte pour le climat. Manifestants et journalistes, tout le monde se bouscule pour apercevoir, de près ou de loin, la tête tressée de la jeune Suédoise sous son bonnet de laine bleu. Elle semble impassible, concentrée sur le combat qu’elle a à mener, ici et dans quelques jours à Davos. Son père et sa mère l’accompagnent, les organisateurs de la manifestation ne sont pas enchantés de la tension créée autour d’elle. «Evidemment, le fait que Greta soit parmi nous aujourd’hui accroît notre visibilité. Mais la «starification» construite autour d’elle ne rentre pas dans nos valeurs.» C’est d’ailleurs ce qu’ils refusent par leur candidature collective au Conseil d’Etat. «Certains médias obligent Juliette Vernier à se rendre dans des débats, à répondre aux interviews, sans se rendre compte que c’est un mythe, cette ultra-personnification. Nous refusons de voir notre candidate s’user et se détruire physiquement et mentalement dans un poste où les responsabilités sont trop lourdes pour une seule personne. A nous tous, nous additionnons plus d’expérience politique que Christelle Luisier [la candidate favorite à la succession de Jacqueline de Quattro, syndique de Payerne et députée PLR).»
Cap sur Davos
Autre grand pan de leur programme: l’agriculture. «Nous organisons le 22 février une manifestation nationale avec le monde paysan. Nous devons impérativement réapprendre à soigner le sol et retourner à des cultures de proximité. Concernant les importations, nous ne sommes pas pour un protectionnisme basé sur des taxes, mais pour repenser le commerce international. Si un produit n’est pas nécessaire, il ne rentre pas.»
Sur les escaliers surplombant la place de la Riponne colorée de monde, plusieurs jeunes prennent la parole, profitant au passage de rappeler leur candidature au Conseil d’Etat. Greta remercie la foule en français et en anglais. «Je suis si reconnaissante d’être parmi vous à l’occasion de cet anniversaire. Tout autour du globe, des étudiants ont été en grève chaque vendredi depuis 74 semaines et ce n’est que le début. Je voudrais dire aux dirigeants du monde: «Vous n’avez encore rien vu. C’est le message que nous allons porter au World Economic Forum à Davos la semaine prochaine.» De dimanche à mardi, jour d’ouverture du WEF, une randonnée pour la justice climatique ralliera Landquart, dans le canton des Grisons, à Davos. ▅