Iqbal Khan impose sa patte chez UBS
Le désormais célèbre transfuge de Credit Suisse applique les mêmes recettes que chez son ex-employeur. Quatre mois après son arrivée, cela se voit déjà
Iqbal Khan est bien arrivé chez UBS, merci pour lui. Moins de quatre mois après l’arrivée du transfuge de Credit Suisse, désormais connu pour avoir été suivi et espionné par son ancien employeur, UBS a commencé la réorganisation de ses activités de gestion de fortune.
Une dizaine de jours après une conférence téléphonique dessinant les contours de la future stratégie, des sources de l’agence Bloomberg indiquent que des réductions d’emplois sont programmées en Europe. En Asie, des couches hiérarchiques sont supprimées, afin de rapprocher les clients des grands décisionnaires de la banque. Les activités dans la région asiatique sont ainsi réorganisées. Et le même mouvement devrait suivre en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.
La nature de la restructuration ordonnée par le directeur général, Sergio Ermotti, à Iqbal Khan et à Tom Naratil, tous deux codirecteurs de la gestion de fortune d’UBS, aurait deux objectifs: réduire les charges en déplaçant les clients qui n’ont pas besoin de services complexes dans des modèles de gestion moins coûteux. Mais aussi augmenter l’autonomie de décision des gérants et ainsi accélérer les prises de décision, notamment dans la négociation de crédits et de financements. Et, donc, devenir plus compétitifs dans ce domaine. Cette stratégie ressemble tout à fait à ce qu’a réalisé le banquier prodige de 44 ans auparavant chez Credit Suisse, constatent les observateurs.
Succéder à Sergio Ermotti?
Quelques nominations et changements de postes ont été annoncés début janvier. Mais en surface, les changements ne sont pas spectaculaires. Les suppressions de postes concerneraient environ 500 personnes. Ce qui représente moins de 1% des emplois totaux de la banque. Cependant, il ne faut pas s’y tromper. Iqbal Khan serait en train de mener une révolution silencieuse au sein d’une unité de gestion de fortune qui n’a pas l’habitude de vivre avec la même instabilité que celle qui a prévalu dans la banque d’affaires depuis l’arrivée de Sergio Ermotti en 2011. «C’est un signal qui indique que la période confortable est terminée», considère Andreas Venditti, analyste de Vontobel cité par Bloomberg.
Si Iqbal Khan va vite – voire plus vite que ce qu’avaient prévu les analystes bancaires – et qu’il impose déjà sa patte, c’est parce que les attentes sont élevées. Iqbal Khan se sait plus exposé qu’un autre. Du fait de sa fonction, mais aussi de l’affaire de la filature qui a secoué la Paradeplatz l’automne dernier. Mais la nouvelle recrue a aussi des projets pour lui-même, avance Andreas Venditti. L’analyste de Vontobel lui prête l’ambition de succéder à Sergio Ermotti. «Il dispose d’un certain temps pour faire ses preuves. Et le meilleur moyen de le faire, c’est de produire des résultats. Ensuite, il sera certainement en meilleure position pour devenir le prochain directeur général.» ▅