Le Temps

Big Freedia, la reine actuelle

- S. K.

Avec la mort de 5th Ward Weebie, la bounce perd un pilier de sa vieille école. Celle qui est associée à la naissance des labels No Limit (Master P, Snoop Dogg) et de Cash Money Records (Nicki Minaj, Juvenile), considérée comme un sous-genre du Dirty South, troisième scène nationale après le rap East Coast et son concurrent maudit de la West Coast.

Aujourd’hui, la reine actuelle de la bounce s’appelle Big Freedia. C’est aussi une vétérane. Agée de 41 ans, elle a débuté comme danseuse aux côtés de Katey Red, rappeuse transgenre. Ensemble, elles donnent à la bounce, réputée pour ses paroles sexuelles et ses danses explicites, une scène féministe et gay. Depuis, Big Freedia a eu son émission de téléréalit­é, a chanté avec RuPaul et donné des concerts en Europe. Elle organise aussi, aux côtés de Sissy Nobby, les soirées bounce les plus courues de la ville.

Mais la bounce n’est jamais aussi populaire que lorsqu’elle est revisitée par d’autres. En 2007, Beyoncé craque une première fois avec Get Me Bodied, puis réitère le flirt en 2016 sur son album-manifeste Lemonade avec Formation, critique frontale des violences policières qu’elle chantera devant des millions d’Américains sur la scène du Super Bowl. Même envoûtemen­t pour Drake. En 2016, il sample l’artiste bounce HaSizzle pour produire Childs Play. Sur son album Scorpion, paru en 2018, il place deux morceaux de bounce: Nice for What sur un sample de Lauren Hill et In my feelings affublé d’un clip en forme d’ode amoureuse aux charmes de La Nouvelle-Orléans. 5th Ward Weebie et Big Freedia ont tous les deux collaboré avec le Canadien pour l’occasion.

Mais pour la journalist­e Holly Hobbs, fondatrice du site NOLA Hiphop Archive, même si la bounce existera toujours à La Nouvelle-Orléans, la scène actuelle est dominée par l’influence du slow rap, aussi appelé drug rap, et ses représenta­nts s’appellent Neno Calvin, Kenneth Brother, G4 ou Weed Junkie. ■

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland