Et si maintenant on se posait les bonnes questions?
En promenade samedi au marais de l’Etournel, situé en France, tout près de Genève, l’ornithologue expérimenté qui nous accompagne n’en revient pas: on entend déjà chanter certains oiseaux typiques du printemps, comme la fauvette à tête noire ou la grive musicienne. C’est deux à trois semaines plus tôt que la normale.
Cette expérience de terrain correspond bien à ce que les scientifiques savent depuis une trentaine d’années: le climat terrestre est en train de se transformer radicalement sous l’effet de nos émissions de gaz à effet de serre. Les températures grimpent, les tempêtes et les canicules se multiplient, le niveau des océans s’élève, les glaciers fondent. Si rien n’est entrepris pour lutter contre le réchauffement, les conséquences de ce dernier seront désastreuses pour l’être humain.
N’en déplaise à certains, ces faits sont désormais solidement établis. Les mécanismes physiques qui sous-tendent le réchauffement sont documentés, et ses effets corroborés autant par les observations que par les modélisations. Certains aspects techniques sont encore débattus par les experts, mais la réalité du changement climatique, et notre rôle dans sa survenue, ne fait plus aucun doute.
Pourtant, un petit nombre de personnes continue d’en douter. Certains sont de bonne foi, d’autres beaucoup moins. Cette défiance est en grande partie le résultat d’une campagne intentionnelle de désinformation menée par les lobbys des combustibles fossiles pour disqualifier la science climatique, et ainsi éviter toute prise de décision contraire à leurs intérêts. Une tactique couronnée de succès puisqu’on entend encore ici ou là des prises de position climatosceptiques, bien que le réchauffement devienne de plus en plus patent.
Cette posture est un poison pour le débat démocratique, car elle détourne notre attention des véritables enjeux liés à la crise climatique. Les interrogations sur l’existence du réchauffement n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. En revanche, il est urgent de discuter des meilleurs moyens d’y faire face. Faut-il opter pour la décroissance? Tout miser sur l’innovation? Taxer les entreprises ou rationner les individus? Favoriser le vélo ou la voiture autonome? Le nucléaire ou les éoliennes? De nombreuses questions se posent, qui laissent encore toute latitude à la querelle. Mais au moins, assurons-nous qu’elle soit féconde, car nous n’avons plus de temps à perdre.
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