Le Temps

DICTATURE VERTE

- MARTIN BETTLER, GRANDS-PARENTS POUR LE CLIMAT, ÉCHANDENS (VD)

Le risque de survenance d’une dictature verte, que suggère l’éditorial d’Aïna Skjellaug (LT du 15.02.2020), a de quoi donner le vertige. Est-il réel? «Qui veut la fin veut les moyens.» Cet adage énonce le principe de l’impératif hypothétiq­ue avancé par le philosophe Emmanuel Kant. En déclarant solennelle­ment mon intention de poursuivre une fin, je prends l’engagement de mettre en oeuvre des moyens honnêtes qui permettron­t de l’atteindre. La mise en oeuvre de ces moyens constitue un impératif moral. Dans le cas du changement climatique, les Chambres fédérales ont officielle­ment ratifié l’Accord de Paris visant à plafonner le réchauffem­ent à 1,5° ou 2°C. Cette ratificati­on engage nos autorités à mettre en oeuvre des moyens aptes à atteindre l’objectif visé.

Il se fait que notre pratique gouverneme­ntale veut que les Chambres fédérales se prononcent à nouveau sur le train de mesures qui sera mis en oeuvre, donnant à des politicien­s inconscien­ts – probableme­nt poussés par des lobbys et donc un intérêt privé – une possibilit­é de bloquer le processus. Ils ne s’en privent pas. Les partisans de l’immobilism­e justifient leur obstructio­n par une interpréta­tion littérale des lois. Le philosophe Aristote, 300 ans avant notre ère, mettait déjà en garde contre le danger de violer l’esprit de la loi par un attachemen­t excessif à la lettre.

Tarder à agir, ainsi que le fait notre pays, revient à faillir à son engagement. Celles et ceux qui mènent des actions non violentes de désobéissa­nce civile veulent faire sauter les blocages et inciter la Confédérat­ion à le respecter. C’est donc un contresens que de soutenir qu’ils enfreignen­t nos principes démocratiq­ues. Par leurs actions, au contraire, ils défendent à la fois la morale, l’Etat de droit et ses institutio­ns démocratiq­ues.

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