L’USS contre la dérégulation du marché du travail
IMMIGRATION Les syndicats investissent un demi-million de francs pour combattre l’initiative de l’UDC qui veut résilier l’accord sur la libre circulation des personnes. Mais ils avertissent qu’ils s’opposeront toujours à l’accord-cadre avec l’UE après le 17 mai
immigration personnes sur Face une l’accord à l’initiative corde (LCP), sur modérée», raide. la les libre de syndicats D’une l’UDC circulation qui part, vise «Pour évoluent ils à résilier une des ont annoncé de grande ce ampleur, lundi une planifiant contre-offensive même la publication d’un journal à l’échelon national. Ils craignent en effet une dérégulation massive du marché du travail. Mais, d’autre part, ils ne veulent toujours pas entendre parler de l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE, un dossier que le
Conseil fédéral a promis de faire avancer dès le lendemain du scrutin du 17 mai.
Eviter les erreurs de 2014
Un demi-million de francs: telle est la somme que l’Union syndicale suisse (USS) est prête à investir dans cette campagne. Jamais l’USS n’avait débloqué jusqu’ici pareil montant sur une proposition n’émanant pas d’elle. C’est dire qu’elle ne veut pas revivre l’échec de 2014, lorsque le peuple avait approuvé l’initiative «Contre l’immigration de masse» à une majorité de 50,3% des voix. Voici six ans, les syndicats ne l’avaient quasiment pas combattue. Ils avaient été dépités par le refus des milieux patronaux de renforcer les mesures d’accompagnement, tandis que le ministre de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, n’avait rien entrepris pour parvenir à un compromis entre partenaires sociaux à ce sujet.
Cette année, la donne est différente. Selon les syndicats, l’UDC a révélé son vrai visage le 30 janvier 2018, lorsque les ténors du parti ont dit tout le mal qu’ils pensaient non seulement de la libre circulation des personnes, mais surtout des mesures d’accompagnement qui s’y sont greffées. «Des mesures au poids disproportionné, occasionnant un lourd appareil de surveillance étatique», avaient déploré la CEO Magdalena Martullo-Blocher et le chef de groupe Thomas Aeschi.
Or, ce sont précisément ces mesures d’accompagnement qui, en mettant sur pied une surveillance régulée du marché du travail, ont assuré une meilleure protection des travailleuses et travailleurs suisses, ainsi que l’a souligné Vania Alleva, la présidente du syndicat Unia. «Malgré l’ouverture du marché du travail, les salaires n’ont pas baissé en Suisse, contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne.» De plus, les travailleurs sont beaucoup plus nombreux à être protégés par une CCT déclarée de force obligatoire. Ils sont désormais 960000, un nombre qui a presque triplé depuis l’entrée en vigueur de la LCP. «Il s’agit là d’une grande avancée sociale», a-t-elle renchéri.
«Contre Herrliberg et contre Bruxelles»
«Le vrai but de l’UDC est de faire baisser les coûts salariaux», a pour sa part déclaré le président de l’USS, PierreYves Maillard. En cas d’adoption de l’initiative, pas grand-chose ne changerait concernant les chiffres de l’immigration. En revanche, les entreprises, ayant perdu l’accès au marché européen, chercheraient à produire moins cher, ce qui se traduirait par une pression sur les salaires. «Je pense que l’économie publierait alors un livre blanc prônant la dérégulation du marché du travail», craint Pierre-Yves Maillard.
L’USS va donc mener sa propre campagne, en se distinguant clairement de celle que mènera l’association faîtière Economiesuisse. Pas question pour elle de lier cette votation au dossier de l’accord-cadre, que l’économie voudrait voir signé dès que possible par le Conseil fédéral. A ce sujet, l’USS reste ferme dans son opposition à un texte qui, selon elle, attaque lui aussi la protection des salaires suisses. «Nous nous battons contre la dérégulation, qu’elle vienne de Herrliberg, le fief de la famille Blocher, ou de Bruxelles», a averti PierreYves Maillard.
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