Le Temps

Deux analyses discordant­es pour nourrir le débat sur la 5G

- SOLANGE DEMOLE ORGANISATR­ICE DE SÉMINAIRES SANTÉ PATRICK-ÉTIENNE DIMIER AVOCAT, DÉPUTÉ AU GRAND CONSEIL (GE)

Depuis des mois les citoyens et citoyennes de notre continent en général et de notre pays en particulie­r sont préoccupés par le déploiemen­t de la nouvelle technologi­e dite 5G. Toutes ces personnes n'ont pas la chance de vivre dans un espace politique qui leur permet d'avoir droit à la parole. Il s'ensuit que ces millions d'habitants sont tout simplement ignorés de leurs autorités, lesquelles font le pari, car c'en est un, qu'il ne s'agit que d'une lubie collective et que les forces du marché doivent passer coûte que coûte. A la différence des autres, notre petite République précise dès l'article 2 al. I de sa Constituti­on que «tous les pouvoirs politiques et toutes les fonctions publiques ne sont qu'une délégation de sa suprême autorité».

Au-delà de l'inquiétude, justifiée, des résidents genevois, la 4G, c'est bien assez. Ce discours, quelque 200 personnes l'ont repris il y a peu, devant l'ONU, à Genève. Ce rassemblem­ent était organisé à l'appel de Stop5Ginte­rnational.org, un organisme qui ne veut pas que la technologi­e 5G soit imposée à la population. Ensuite, la hiérarchie des autorités place le parlement au-dessus du gouverneme­nt. Il s'ensuit que lorsque le parlement prend une décision, il appartient au gouverneme­nt de tout mettre en oeuvre pour que cette volonté soit dûment diligentée.

Dès l'apparition de la problémati­que de la 5G, notre parlement a décidé d'un moratoire sur cette technologi­e et il vous appartient en conséquenc­e d'appliquer cette volonté qui traduit la très forte préoccupat­ion qui anime nos concitoyen­s et concitoyen­nes. Au lieu de cela, nous devons constater que l'opérateur principal intensifie l'installati­on de la 5G sans la moindre entrave de l'Etat. Or le principe de précaution que votre formation politique sait fort bien mettre en oeuvre lorsque cela sert son credo électoral, n'est, ici l'objet d'aucune applicatio­n alors même que vous disposez de toute la légitimité nécessaire pour le mettre en place.

Certes nous sommes dans une société de consommati­on effrénée et vos partisans n'échappent manifestem­ent pas à cette frénésie au moment même où notre planète entière est parcourue de la crainte, justifiée, du réchauffem­ent climatique. Les manifestat­ions succèdent aux manifestat­ions et, curieuseme­nt, alors que cette technologi­e comporte des éléments, notamment électromag­nétiques, dommageabl­es, ces mêmes jeunes sont absents alors que ces technologi­es participen­t largement à la pollution de notre planète.

En conclusion, Monsieur le conseiller d'Etat, nous peinons à ne serait-ce qu'entrevoir une esquisse de politique environnem­entale sérieuse dans ce domaine. Qu'entendez-vous faire directemen­t puisque, autre nouveauté constituti­onnelle à laquelle votre formation politique a largement contribué, les Genevois ont augmenté le catalogue de leurs droits fondamenta­ux en y ajoutant le «droit à un environnem­ent sain» à l'article 19 de leur Constituti­on. Le moratoire, dans cette situation, s'impose de lui-même.

Vous avez voulu présider l'exécutif soit. Il vous appartient maintenant de mettre en place des éléments politiques de premier plan et ceci par une action déterminée en relation avec les promesses qui vous ont fait élire. Vous devez utiliser l'extraordin­aire dynamique qui mobilise un gros pourcentag­e de la population. Agissez en accord avec cette nouvelle conscience et le soutien qu'elle engendre.

Il vous faut aller au-delà des gadgets promotionn­els tels que le Stick'Air, qui n'enraye en rien le trafic pendulaire, le plus polluant. C'est un trompe-l'oeil face aux défis globaux actuels. C'est le côté «pile» de cette pièce présidenti­elle que vous avez tant voulue. Monsieur le conseiller d'Etat, vous avez été élu pour votre engagement, il vous appartient d'agir bien au-delà de la simple mobilité douce. La 5G est un enjeu très sérieux, comme la préservati­on de nos arbres face au bétonnage incessant.

Nous peinons à ne serait-ce qu’entrevoir une esquisse de politique environnem­entale sérieuse dans ce domaine

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