Le logo fait-il l’activiste?
La pomme d’Apple, l’oiseau Twitter, le cheval cabré de Ferrari: des visuels forts et reconnaissables développés par des professionnels de l’image. De quoi inspirer l’initiant moderne: en 2020, certaines initiatives impriment leur logo partout, jusque sur les habits pour enfants. Le message – lutter contre le réchauffement climatique dans le cadre de l’«initiative pour les glaciers» – est-il cependant transmis?
Les mouvements populaires semblent le penser. Plus le projet est présent, plus il interpellera d’adeptes potentiels. Mais voit-on la différence entre une griffe aux motifs politiques et une marque de vêtements à but purement mercantile? Graphiste et conseiller en communication à Lausanne, Jean-Henri Francfort en doute. «Il faut des décennies pour qu’une image entre vraiment dans la mémoire populaire. Les logos n’expriment par ailleurs rien. Sans explication supplémentaire, une montagne stylisée sur un fonds multicolore ne transmet pas d’idéaux.» Trop de professionnalisation pourrait par ailleurs jouer en défaveur d’une initiative de ce type, craint le professionnel de l’image.
«On pourrait se réjouir qu’une initiative se donne de vrais moyens marketing en offrant une large gamme de supports à son visuel. Mais si le logo sobre de l’«initiative pour les glaciers» est très beau, il ne traduit aucunement le drame de la fonte des neiges éternelles. Dès lors, comment s’assurer du soutien réel de celui ou celle qui le porte? Même ceux qui se moquent du réchauffement climatique auront plaisir à porter ces habits, qui ne traduisent plus forcément un véritable engagement politique.» Pour le Vaudois, il est important de garder «une touche d’amateurisme» dans le cadre de campagnes politiques: «La perfection manque de sincérité.»
▅