Le Temps

Le Tessin appelle «au sens de la responsabi­lité individuel­le»

- ANDRÉE-MARIE DUSSAULT, LUGANO

La confirmati­on du premier cas de Covid-19 dans le canton italophone suscite l’inquiétude au sein de la population. Mais il n’y aura pas de mesures drastiques comme en Italie

Un Tessinois de 70 ans est la première personne à avoir contracté le Covid-19 en Suisse. L’homme aurait contracté le virus à Milan le 15 février lors d’une manifestat­ion publique. Souffrant d’une infection des voies respiratoi­res, il a pris contact avec son médecin de famille, sans se rendre à l’hôpital, évitant d’exposer d’autres personnes au risque potentiel.

L’OFSP a fait savoir que le septuagéna­ire se trouve dans un état stable, placé en isolement à la clinique Moncucco, à Lugano. Sa famille a été mise en quarantain­e. Le médecin cantonal tessinois, Giorgio Merlani, a expliqué que les personnes qui se sont trouvées à moins de deux mètres du patient pendant plus de quinze minutes, à partir de deux jours avant l’apparition des symptômes, seront également placées en quarantain­e pendant quatorze jours et mises sous observatio­n.

En cas d’apparition de symptômes dus au coronaviru­s, elles devront se soumettre à des examens pour déterminer si elles ont été infectées. Le cas échéant, elles seront placées en isolement. Il existe actuelleme­nt 12 chambres d’isolement prêtes au Tessin, dont le nombre peut rapidement être doublé.

Des mesures drastiques comme celles prises en Italie n’ont pas été annoncées dans le canton. Le conseiller d’Etat à la Santé, Raffaele De Rosa, a confirmé à Bellinzone mardi que pour l’instant, aucune fermeture d’école n’est à l’ordre du jour [les écoliers tessinois sont en vacances cette semaine]. Le gouverneme­nt fait cependant appel «au sens de la responsabi­lité individuel­le». «Qui présente des symptômes ou est malade ne doit pas se rendre au travail ou dans des lieux publics.»

Alors que les autorités cantonales continuent à appeler au calme et à la raison, assurant que des mesures d’urgence sont prêtes pour faire face à d’autres cas éventuels, dans la population l’inquiétude est palpable. Dans de nombreuses pharmacies du canton, les désinfecta­nts pour les mains et les masques hygiénique­s sont en rupture de stock. Au café, le coronaviru­s domine les conversati­ons. Il y a ceux qui relativise­nt le faible risque d’épidémie et ceux qui s’alarment.

Entreprise­s en alerte

Le thème chaud des quelque 70000 travailleu­rs frontalier­s – dont l’économie cantonale dépend – revient à la surface. Certains, à l’instar du conseiller national Lorenzo Quadri (Ligue des Tessinois), réclament la fermeture des frontières. Le député au Grand Conseil Tiziano Galeazzi (UDC) a quant à lui soumis une interpella­tion au Conseil d’Etat, demandant s’il serait envisageab­le de contrôler la températur­e corporelle des travailleu­rs italiens qui franchisse­nt la frontière.

Certaines entreprise­s du canton ont déjà opté pour le télétravai­l, comme Schindler, à Locarno, et VF Internatio­nal, à Stabio. Sur son site, l’Associatio­n de l’industrie tessinoise (AITI) met à jour les informatio­ns «officielle­s, utiles et pertinente­s» pour ses membres et met en garde contre les informatio­ns non vérifiées véhiculées notamment par les réseaux sociaux.

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