Nissan ferme son siège européen de Rolle
Le constructeur, en difficulté sur le marché européen, s’était implanté sur La Côte en 2008, où il a bénéficié d’avantages fiscaux jusqu’en 2017. Il n’y employait plus que quelques dizaines de personnes
D'ici à 2022, Nissan aura quitté Rolle. Le constructeur automobile japonais ferme le quartier général européen qu'il avait ouvert en 2008 sur La Côte, pour regrouper ses collaborateurs en région parisienne. L'opération se déroule sur fond de difficulté de Nissan en Europe, où la marque de l'alliance avec Renault et Mitsubishi a subi une baisse d'un tiers de ses immatriculations entre 2015 et 2019.
L'explication officielle pointe vers une recherche d'efficacité. Rolle abrite l'un des deux sièges européens du constructeur automobile, avec celui de Montigny-le-Bretonneux, près de Paris. C'est de ce dernier que la nouvelle a été annoncée, lundi. «Avoir deux sièges, un en France et un en Suisse, n'était pas très efficace. On a décidé de tout mettre ensemble pour avoir plus d'efficacité sur un seul siège ici en France», a déclaré à l'AFP Gianluca de Ficchy, directeur de Nissan Europe, lors d'une rencontre avec des journalistes. Le site parisien rassemble environ 800 collaborateurs de Nissan, alors qu'il n'en reste que 25 à 30 à Rolle, selon nos informations.
Rassembler les équipes
Le constructeur autrefois dirigé par Carlos Ghosn a réduit ses effectifs de 1300 unités en 2019, pour atteindre le chiffre de 15300 collaborateurs en Europe, selon l'AFP. Entre 2015 et 2019, sa part de marché dans l'Union européenne est passée de 3,9% à 2,5%, pour des immatriculations en recul d'environ un tiers, à 380000 unités.
Lorsque Nissan s'était implanté à Rolle, en janvier 2008, l'entreprise comptait précisément 151 employés, dont beaucoup étaient venus de bureaux situés en région parisienne. L'ouverture de ce siège européen visait à rassembler pour la première fois les fonctions transversales de l'entreprise (administration, marketing, vente, logistique, finance et juridique). Pour améliorer la collaboration entre ces équipes et leur efficacité, justement.
Les locaux du A-One Business Center de Rolle, qui accueillaient également la marque haut de gamme Infiniti, avaient été inaugurés le 12 juin 2008, en présence notamment du conseiller d'Etat vaudois Jean-Claude Mermoud.
Bénéficiaire de l’arrêté Bonny jusqu’en 2017
Nissan a été l'une des dernières entreprises à bénéficier des rabais fiscaux prévus par l'arrêté Bonny. Ce texte aboli en 2007 octroyait une réduction de l'impôt fédéral direct et des aménagements de la fiscalité cantonale, sur une durée de dix ans au maximum. Au 1er janvier 2011, 125 entreprises bénéficiaient de ces allègements dans le canton de Vaud, selon le budget 2012, sur un total proche de 400 en Suisse romande. En échange, elles devaient créer des emplois dans une activité industrielle, novatrice et qui diversifierait le tissu économique local. L'accord fiscal de Nissan a arrêté de déployer ses effets en 2017.
Nissan comptait 228 collaborateurs à Rolle en 2016 lorsque 92 postes avaient été déplacés à Montigny-le-Bretonneux, déjà. Une nouvelle restructuration avait été annoncée en septembre 2018, au terme de laquelle 51 des 116 postes restants ont été supprimés. Ces six derniers mois, plusieurs services ont été déplacés à Paris (dont la communication), laissant moins de 30 postes à Rolle, selon nos informations.
Secrétaire général du Groupement des entreprises multinationales (GEM), Arnaud Bürgin ne se prononce pas sur le cas particulier de Nissan. Concernant
l'attractivité de la Suisse en général, il relève que «l'acceptation de la réforme fiscale RFFA a redonné de la visibilité aux entreprises, même si le climat reste difficile en raison de la votation du 17 mai prochain sur l'«initiative de limitation» qui vise à mettre fin à la libre circulation entre la Suisse et l'Union européenne. Les filiales suisses ont un important travail de pédagogie à faire avec leurs quartiers généraux pour expliquer le fonctionnement de la démocratie en Suisse. Sans oublier que la force du franc renchérit le coût des rémunérations suisses, déjà traditionnellement élevées, dans les comptes en euros ou en dollars des entreprises.»
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«Avoir deux sièges, un en France et un en Suisse, n’était pas très efficace» GIANLUCA DE FICCHY, DIRECTEUR DE NISSAN EUROPE