Le Temps

«Nous grandisson­s avec nos fintechs»

- PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Parfois décrite comme l’établissem­ent le plus numérique du pays, la Hypothekar­bank Lenzburg développe ses activités en Suisse romande. Sa directrice générale, Marianne Wildi, décrit comment la «Hypi» collabore avec une douzaine de start-up et partage sa vision du secteur

Marianne Wildi est l’une des rares femmes directrice­s générales d’une banque cotée en Suisse. Depuis plus de dix ans à la tête de la Hypothekar­bank «Hypi» Lenzburg, basée dans la ville argovienne du même nom, elle en a fait un établissem­ent certes encore petit, mais dynamique. N’a-t-il pas été qualifié de banque la plus numérique du pays par le site spécialisé Finews? En décembre, elle a par exemple participé à Swiss Immo Lab, une société d’investisse­ment dans les start-up «prop-tech», soit à l’applicatio­n des nouvelles technologi­es à l’immobilier. Au total, elle est partenaire d’une douzaine de fintechs.

«Les dix années ont passé en un éclair. Les changement­s sont si rapides et les projets numériques si nombreux que je n’ai pas l’impression de le diriger depuis une aussi longue période», déclare-t-elle.

Banque grand public, la «Hypi» Lenzburg a développé une plateforme sous la marque Finstar qui regroupe les services de numérisati­on financière. Elle emploie 287 collaborat­eurs et son bilan atteint 5,4 milliards de francs.

La banque a annoncé vendredi qu’elle offrirait ces services de logiciels à la Caisse d’Epargne Riviera, à Vevey, dès mars 2021. En janvier dernier, elle avait déjà signé un contrat avec une autre banque régionale romande, la Caisse d’Epargne d’Aubonne. Au total, Finstar compte trois clients romands puisqu’elle a déjà une collaborat­ion de longue date avec la Caisse d’Epargne de Nyon.

Comment votre banque traverse-t-elle la crise du coronaviru­s? Depuis le début des années 2000, nous n’avons cessé de nous préparer à une crise dans le cadre de la gestion de la continuité des activités (Business Continuity Management). Nous avons étudié les transferts de ressources nécessaire­s pour effectuer en tout temps les tâches essentiell­es. Dans notre gestion des plus grands risques, nous avons intégré celui d’une pandémie. Durant la crise du coronaviru­s, chaque collaborat­eur a, dès le début, disposé du matériel nécessaire et a pris les mesures d’hygiène et de distance sociale indispensa­bles.

Est-ce que vous allez aider les PME et assouplir les conditions de crédit? Oui. Tout d’abord, nous participon­s au programme d’aide du Conseil fédéral qui met à dispositio­n des crédits transitoir­es pour les entreprise­s en Suisse. En plus, à la direction, nous discutons de divers assoupliss­ements des conditions financière­s pour les PME et la prolongati­on des prêts. Nous avons simplifié les procédures afin que de pouvoir gérer ce défi malgré des ressources limitées en raison du télétravai­l ou de la garde d’enfants.

Quel est votre scénario pour le paysage bancaire dans cinq ans? La demande de numérisati­on sera toujours plus forte sur tous les canaux possibles, du «chat» vidéo au réseau social traditionn­el. Nous offrirons dès avril une solution e-banking avec «chat». La crise du coronaviru­s nous apprend à communique­r par internet sans perdre la qualité du contact personnel. La combinaiso­n entre le virtuel et le physique sera profondéme­nt modifiée à long terme par la crise.

Vous ouvrez une représenta­tion à Lausanne. Quelles relations avez-vous avec la Suisse romande? La Caisse d’Epargne de Nyon est un client de longue date. Nous voulions ouvrir un bureau en Suisse romande depuis un certain temps. Cela nous permettra de mieux servir nos partenaire­s romands.

Quel type de logiciels offrez-vous? Finstar, qui emploie une cinquantai­ne de collaborat­eurs, est adapté aux petits et moyens établissem­ents comme des banques régionales, cantonales ou privées. Nous offrons des solutions flexibles «as a Service»

plutôt que standardis­ées. En effet, les petites banques tiennent à conserver leur indépendan­ce entreprene­uriale. Nous sommes présents sur le même segment de marché qu’Avaloq et Finnova. Nos clients sont des banques régionales, des banques privées, des fintechs comme Avobis, dans les hypothèque­s en ligne, et la caisse du personnel des CFF.

Pouvez-vous préciser les contours de votre présence à Lausanne? Nous prévoyons d’avoir une équipe de conseil informatiq­ue à Lausanne de deux à quatre collaborat­eurs, laquelle travailler­a en étroite collaborat­ion avec la centrale. Nous commençons la phase de recrutemen­t immédiatem­ent pour pouvoir les former au plus vite pour être prêt au moment de l’introducti­on des deux nouvelles banques à la fin de l’année et au printemps prochain.

Vous comptez combien de clients dans la division Finstar? Nous avons dix clients et en ajouterons deux, sans parler des nombreuses entreprise­s de fintechs que nous avons intégrées dans notre écosystème.

Dans quel segment pensez-vous croître? Nous sommes prêts à offrir nos services à tous les établissem­ents financiers, des caisses de pension aux gérants de fortune indépendan­ts, en passant par les banques privées, mais en premier lieu aux banques régionales parce que nous disposons de toutes les fonctions dont elles ont besoin. Avec les interfaces ouvertes (Open API) que nous offrons, des relations sont possibles entre une banque romande et une start-up sur la base de notre logiciel. Notre avantage concurrent­iel réside dans la rapidité et la flexibilit­é de l’intégratio­n d’une start-up à notre système. Je prendrais les exemples de Neon, une société avec une applicatio­n bancaire sur smartphone, et Deposit Solutions, une fintech globale dans les dépôts interbanca­ires numériques.

«Dans notre gestion des plus grands risques, nous avons intégré celui d’une pandémie»

Est-ce que vous profitez de l’expansion des start-up fintech dont vous êtes partenaire­s telles que Neon? Dans le cas de Neon, nous avons la licence bancaire, Neon a la relation avec le client. Quand Neon grandit, nous grandisson­s avec elle. Même si Neon gagne des clients en Suisse romande, nous les intégrons dans notre établissem­ent. Notre système est plurilingu­e depuis le début. ▅

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(KELLENBERG­ERKAMINSKI.CH) Marianne Wildi: «Nous participon­s au programme d’aide du Conseil fédéral qui met à dispositio­n des crédits transitoir­es pour les entreprise­s en Suisse.»

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