Le Temps

Malgré la crise, il y aura licencieme­nts chez Bracco

- ALINE BASSIN @BassinAlin­e

Onze employés lausannois du groupe Bracco, actif dans les sciences de la vie, ont reçu leur congé. Leur employeur est resté sourd à leur demande de reporter la restructur­ation pour cause de coronaviru­s

La réorganisa­tion n’a rien à voir avec la pandémie de Covid-19. Pour preuve, elle a été annoncée le 3 mars aux cinquante employés lausannois de Bracco, le groupe italien la motivant par une volonté d’optimiser son organisati­on au niveau internatio­nal.

Mais la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 est rapidement venue changer la donne. C’est en tout cas ce qu’ont estimé les ingénieurs et les technicien­s actifs sur le site de recherche et de développem­ent de la société. Contraints depuis la mi-mars de travailler à la maison, ils ont demandé de suspendre la restructur­ation jusqu’à la fin du semi-confinemen­t.

L’exemple de Philip Morris

Leur direction accepte de prolonger la procédure de consultati­on jusqu’au 7 avril. Elle les informe ensuite qu’elle n’ira pas plus loin, malgré les demandes insistante­s de certains employés qui prennent Philip Morris en exemple. Selon nos informatio­ns, la multinatio­nale américaine a en effet décidé de suspendre l’importante restructur­ation entreprise en début d’année et qui doit entraîner la suppressio­n d’au moins 260 emplois.

Mandaté par des employés de Bracco pour défendre leurs intérêts, Me Alexandre Curchod, spécialist­e en droit du travail, regrette ce refus: «Par respect pour les employés, on pourrait s’attendre à plus d’égards dans une période si particuliè­re. Attendre notamment que les personnes puissent se rencontrer en face à face pour discuter de la restructur­ation, ce d’autant plus que des réunions avaient été annoncées.»

Interpellé­e, la direction des ressources humaines, basée aux PaysBas, répond avoir déjà prolongé au-delà des contrainte­s légales la procédure de négociatio­n. A la question de savoir si la période délicate qui prévaut n’aurait pas justifié un report, elle se borne à répondre que des conditions de départ très attractive­s seront proposées aux onze personnes qui ont reçu leur congé.

Des congés qui ne sont pas dus à des difficulté­s économique­s rencontrée­s par ce groupe actif dans les sciences de la vie. Celui-ci explique vouloir créer des centres d’excellence pour améliorer son organisati­on. Les injecteurs de produit de contraste mis au point par la société Swiss Medical Care, rachetée il y a neuf ans à Debiotech par Bracco Engineerin­g, seront à l’avenir développés aux Etat-Unis.

Pas question de quitter le canton de Vaud, assure toutefois l’entreprise qui veut en faire un site dédié à l’informatiq­ue médicale, mais aussi son centre de compétence­s en matière de réglementa­tion européenne. Celle qui a été nommée «employeur européen de l’année 2020» affirme être en train d’étoffer ses effectifs en Suisse à cet effet. Elle était en tous les cas visiblemen­t pressée de tourner la page de sa réorganisa­tion.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland