Le Temps

L’applicatio­n pour tracer le virus sera prête le 11 mai

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

L’EPFL et l’EPFZ ont annoncé mardi que leur solution, sélectionn­ée par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour tracer les porteurs du virus, sera prête d’ici à trois semaines

C’est une communicat­ion discrète. Elle pourrait néanmoins avoir un impact sur des millions de Suisses. Mardi aprèsmidi, l’EPFL et l’EPFZ ont annoncé que leur solution de traçage des porteurs du coronaviru­s sera lancée avec le soutien de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). L’applicatio­n doit être prête d’ici au 11 mai, date notamment de la réouvertur­e des écoles en Suisse.

Cela fait deux mois que les deux établissem­ents, basés à Lausanne et Zurich, développen­t des solutions de traçage numérique pour lutter contre le virus. En résumé, il s’agira d’une applicatio­n, utilisée de manière volontaire, qui alertera leurs utilisateu­rs s’ils ont été récemment en contact avec une personne porteuse de la maladie. Le système se veut totalement anonyme et sera basé sur la technologi­e sans fil Bluetooth. Il détectera les autres téléphones, eux aussi dotés de la même applicatio­n, présents dans un rayon de deux mètres. Si une personne apprend qu’elle est infectée, toutes les autres personnes qu’elle a croisées en seront alertées. Elles pourront alors se placer en quarantain­e et se faire tester.

Grâce à Google et Apple

Les deux EPF semblent donc à bout touchant de leurs travaux techniques. Elles précisent dans leur communiqué que «le 21 avril, Pascal Strupler, directeur [de l’OFSP], a confirmé que l’Office travaille avec l’EPFL et l’ETH

Zurich pour terminer une applicatio­n d’ici au 11 mai». «Elle sera basée sur le concept DP-3T de l’EPFL, et tirera parti des nouvelles API [interface de programmat­ion, ndlr] de Google et d’Apple Contact Tracing dès qu’elles seront disponible­s», poursuit Pascal Strupler dans le même communiqué. Contacté mardi, l’OFSP a confirmé le travail avec les deux EPF, sans confirmer de date.

Il n’est donc pas certain que l’applicatio­n soit mise à dispositio­n de tous le 11 mai. Mais elle devra être prête d’ici cette date et elle sera entièremen­t validée par la Confédérat­ion. «Le Préposé fédéral à la protection des données et à la transparen­ce, le Centre national pour la cybersécur­ité et le Comité national d’éthique sont tous d’avis qu’une approche décentrali­sée répond le mieux aux besoins de la Suisse en matière de protection maximale de la vie privée», selon Pascal Strupler.

Ce feu vert général des autorités suisses n’allait pas forcément de soi. Car, à l’origine, l’EPFL et l’EPFZ travaillai­ent sur un projet européen, regroupant 130 instituts de huit pays: le Pan-European Privacy-Preserving Proximity Tracing (PEPP-PT). Mais la semaine passée, de même que d’autres organismes, les deux EPF se sont distanciée­s de ce projet pour miser sur le système DP-3T. Sans trop entrer dans les détails techniques, le DP-3T offre une approche décentrali­sée, en minimisant les données stockées sur un serveur. Celui-ci, situé en Suisse, ne recevra que des clés anonymes d’utilisateu­rs infectés. Il sera ainsi normalemen­t impossible de remonter jusqu’à l’identité des personnes concernées. Le système est soutenu par d’autres instituts de recherche, dont les université­s d’Oxford et de Turin.

Même si une date a été fixée, il reste encore énormément de travail à effectuer, notamment avec Apple et Google. Les deux sociétés américaine­s, qui contrôlent à elles deux environ 99% des systèmes d’exploitati­on pour smartphone­s, développen­t une solution technique commune pour supporter des applicatio­ns de traçage.

Appel à Tim Cook

Mais tout n’est pas réglé, comme l’a démontré, toujours mardi, Cédric O, secrétaire d’Etat français au Numérique. Auditionné par la commission des lois du Sénat, il a affirmé que pour l’heure Apple n’autorise pas l’applicatio­n française, différente de celle de l’EPFL, à diffuser en tâche de fond ses codes anonymes via Bluetooth. Sans cette autorisati­on, impossible qu’un téléphone communique en permanence avec d’autres téléphones aux alentours. Selon des médias français, Google serait à ce sujet davantage ouvert.

La solution pour le moment retenue par la France, appelée Robert, est davantage centralisé­e que celle retenue par la Suisse. Mais les problèmes rencontrés en France pourraient tout aussi bien intervenir en Suisse. Selon Le Parisien, Thierry Breton, commissair­e européen au Marché intérieur, doit s’entretenir cette semaine avec Tim Cook, directeur d’Apple, pour tenter de régler ce souci.

Il sera normalemen­t impossible de remonter jusqu’à l’identité des personnes concernées

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(EDDY MOTTAZ/LE TEMPS) Le système conçu notamment par l’EPFL et l’EPFZ est une applicatio­n de smartphone, utilisée de manière volontaire, qui alertera les individus s’ils ont été récemment en contact avec une personne porteuse de la maladie.

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