Le Temps

Après la crise, repenser les crèches

- AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjell­aug

Alors que les garderies rouvrent petit à petit, une large coalition de 37 groupes d’intérêt et organisati­ons politiques pose des revendicat­ions. Les structures d’accueil ne doivent pas être affaiblies par le coronaviru­s, mais au contraire sortir renforcées de la crise

Dans les garderies, les dispositif­s d’accueil d’urgence destinés aux familles mobilisées dans la lutte contre la pandémie et instaurés mi-mars laissent peu à peu la place au retour à la normale. Certaines crèches commençaie­nt lundi à rouvrir leurs portes aux enfants qu’elles n’avaient pas vus depuis six semaines, d’autres attendent le 11 mai. Dans les cantons romands, les restrictio­ns ordonnent aux profession­nels de s’occuper de moins d’enfants sur une plus grande surface. Dans le canton de Vaud, la mise à dispositio­n des places d’accueil correspond à environ la moitié des places disponible­s en temps normal.

Facturatio­ns suspendues

«La consigne de l’Etat aux réseaux d’accueil est d’offrir un nombre croissant de possibilit­és de garde à chacune des étapes du déconfinem­ent. Nous nous préparons à la possibilit­é d’une réouvertur­e totale pour le 11 mai, accompagné­e d’un concept de protection. Parmi le personnel, les personnes à risque ne reprendron­t pas tout de suite le travail avec les enfants», annonce Valérie Berset, cheffe de l’Office de l’accueil de jour des enfants du canton de Vaud.

Les facturatio­ns aux familles ont été complèteme­nt suspendues dans tout le canton par les structures d’accueil en réseau qui reçoivent des garanties de déficit des communes pour payer le salaire de leurs employés. Les crèches privées bénéficien­t de réductions d’horaire de travail, comme toute entreprise privée. La Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national souhaite apporter des aides financière­s versées aux crèches au moyen d’une ordonnance de nécessité du parlement, en compensati­on des contributi­ons que les parents ne leur versent plus.

Au coeur de toute stratégie

Une large coalition de 37 groupes d’intérêt et organisati­ons politiques demande que la garde d’enfants soit au centre de toute stratégie de sortie de crise. Des améliorati­ons et une action coordonnée sur le plan suisse éviteraien­t selon elle que la situation actuelle ne soit suivie d’une crise des crèches et garderies. «Un plan d’action devrait être élaboré avec une attention particuliè­re portée au bien-être des enfants et en impliquant les organisati­ons spécialisé­es et les partenaire­s sociaux», exige-t-elle. L’activité rémunérée et la garde d’enfants doivent être de nouveau dissociées, ce qui nécessite non seulement le maintien des structures d’accueil extra-familial actuelles, mais aussi leur développem­ent. «La difficulté pour les femmes de concilier travail et famille a été accentuée par cette crise», a relevé Claudine Esseiva, présidente de Business and Profession­al Women. «Les dégâts seraient considérab­les si, à la fin de la crise sanitaire, le nombre de places d’accueil se trouvait sérieuseme­nt réduit en raison de faillites ou de fermetures», a continué la conseillèr­e nationale verte Katharina Prelicz-Huber.

«Si les autorités devaient renoncer à agir, reprend la coalition, ce serait au détriment des enfants et des parents, du personnel d’accueil et du corps enseignant, des personnes vulnérable­s et des grands-parents, et donc de l’égalité, de l’économie et de l’ensemble de la société. Il faut à tout prix l’éviter.»

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