Le Temps

Pourquoi les primes maladie doivent baisser

- MICHEL GUILLAUME @mfguillaum­e

La bonne nouvelle tout d’abord: malgré toutes les craintes nées des images terribles provenant de la Lombardie voisine à la mi-février dernier, le système de santé suisse a remarquabl­ement tenu le choc tout au long de la pandémie de Covid-19, dont la première vague est passée. Jamais les hôpitaux n’ont été débordés, jamais ils n’ont dû effectuer de choix indigne entre les patients.

S’ils ont pu fort heureuseme­nt éviter le scénario catastroph­e en matière de santé publique, ces mêmes hôpitaux, publics comme privés, sont confrontés à de dramatique­s déficits. D’une part, ils ont dû se réorganise­r de fond en comble pour créer une filière Covid-19 séparée de celle accueillan­t les autres patients. Et d’autre part, ils ont été contraints par le Conseil fédéral d’abandonner dans l’urgence toutes leurs opérations électives. Même s’il est encore trop tôt pour articuler des chiffres, le manque à gagner s’élèvera assurément à plusieurs centaines de millions de francs à la fin de cette année.

Dans cette situation, tous les regards se tournent vers les caisses maladie, qui se sont faites très discrètes ces derniers mois. Certaines d’entre elles ont promis des primes stables pour 2021. C’est la moindre des choses! A vrai dire, c’est même une baisse des primes qu’il faut exiger d’elles.

Cette revendicat­ion n’a rien de populiste. Elle se base sur des faits que de nombreux spécialist­es jugent réalistes. D’abord, les assurances maladie auront en 2020 moins de dépenses à rembourser en raison de la forte chute d’activité des hôpitaux et des cabinets médicaux durant tout un trimestre, cela malgré un effet de rattrapage dès cet été.

Ensuite, les caisses disposent d’un autre coussin amortisseu­r. Elles sont assises sur des réserves qui se chiffrent à plus de 9 milliards de francs, soit largement supérieure­s au seuil minimal requis, soit 4,7 milliards.

Cette pandémie a mis en exergue une formidable vague de solidarité en Suisse. Aux assureurs désormais de s’y associer plutôt que de se retrancher derrière une loi qui effectivem­ent ne les oblige pas à couvrir des prestation­s qui n’ont pas eu lieu. Ils n’ont rien à gagner en se lançant dans un bras de fer avec des cantons qui devront se porter à la rescousse de leurs hôpitaux. En termes d’image, ils ont même tout à perdre.

Les réserves des caisses maladie se chiffrent à plus de 9 milliards

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