65 millions pour les crèches
Malgré l’avis du Conseil fédéral, les structures d’accueil vont être soutenues financièrement. Une réponse insuffisante pour l’Union syndicale suisse
Jusque-là réservées aux parents qui participent à la lutte contre le coronavirus, des crèches et garderies ont rouvert leurs portes ce lundi 27 avril pour accueillir les enfants de ceux qui retournent sur leur lieu de travail ou exercent leur métier à distance. Quant à ceux qui reprendront leur activité professionnelle ultérieurement, ou qui ne travaillent pas, ils pourront à nouveau profiter de ce service dès le 11 mai prochain. Seulement, étant donné que les grands-parents ne pourront pas garder leurs petits-enfants, si la capacité de ces lieux d’accueil reste inchangée, «le nombre de places sera insuffisant pour répondre à la demande», prévient Claudia Mühlebach, la présidente de Pro Enfance – plateforme romande pour l’accueil de l’enfance.
«Insuffisant», c’est ce même adjectif qu’utilise Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l’Union syndicale suisse (USS), pour qualifier le montant de l’aide accordée par le gouvernement ce mardi, à savoir 65 millions. «Pour que les structures d’accueil puissent surmonter cette crise, le parlement estimait que 200 millions étaient nécessaires», rappelle-t-elle. Mais pour le Conseil fédéral, l’accueil est une compétence cantonale et communale. Le National voulait qu’il débloque la moitié de cette somme, 100 millions, et s’est finalement rallié au Conseil des Etats qui en proposait le tiers. Une aide qui vise à compenser les contributions que les parents n’ont pas versées durant ce semi-confinement. «C’est à saluer, mais c’est peu pour sauver les structures qui rencontrent des soucis financiers, maintenir les places d’accueil, les emplois, acheter le matériel de protection, régler les frais, et, si de nouvelles places doivent être créées, engager du personnel qualifié et aménager des locaux», poursuit Claudia Mühlebach.
«Pour une politique commune»
Une question se pose: comment va être distribué cet argent? «Le choix est encore laissé aux cantons et communes», regrette la secrétaire générale de l’USS. La situation sanitaire a mis en exergue les disparités cantonales d’accompagnement de ces structures. Par exemple, depuis mars, la majorité d’entre elles étaient fermées en Suisse romande et ouvertes en Suisse alémanique. Les premières bénéficient d’une garantie de déficit, les secondes, essentiellement privées, non. En ce qui concerne les critères d’admission ou la facturation auprès des parents en cette période, il y a un éventail de méthodes.
Il en est de même désormais pour les règles sanitaires à appliquer afin d’accueillir enfants, parents et employés. «La Suisse aurait tout à gagner à réfléchir à une politique commune de l’accueil de l’enfance», estime Claudia Mühlebach. En ce sens, les deux s’accordent à dire que l’aide financière doit être coordonnée au niveau national. Pour appuyer cette demande, une coalition de 37 partis, syndicats et organisations mont lancé un appel à la Confédération et aux cantons pour qu’un plan d’action harmonieux soit rapidement élaboré.
▅