Le Temps

Emile, Eva et Nina sur le chemin de l’école

- PROPOS RECUEILLIS PAR M.-P. G.

Emile, 7 ans, Ecole de la Roseraie, Genève

«Je suis trop content de retourner à l’école parce que j’en ai assez de faire les cours à la maison. Tous les matins, j’ai fait de l’écriture et des maths. Ma maman voulait que je fasse du yoga, mais j’ai préféré les balades et le vélo. J’ai aimé ne pas me lever trop tôt, jouer à la console et aux Lego. Mais pour l’école, j’aime que ce soit ma maîtresse qui fasse ma maîtresse. Pendant le confinemen­t, j’ai vu juste un copain, je me réjouis de retrouver toute ma classe.»

Fanny, sa maman, comédienne

«J’ai apprécié de faire l’école à la maison car j’ai pu découvrir ce qu’Emile apprenait en classe, mais je me suis heurtée à mes limites. Je n’ai pas les codes, ni le jargon pour adapter les règles à son niveau. En plus, j’ai un peu souffert de la routine. Au début du confinemen­t, on a accroché un planning au mur avec les horaires quotidiens pour avoir un rythme, mais, finalement, j’ai trouvé ça trop linéaire. Par contre, question ambiance, cette parenthèse a été très détendue. Emile est très autonome, rêveur, il peut jouer tout seul pendant des heures. En même temps, il s’est beaucoup rapproché de moi, il a recherché le cocon. Cela dit, exclu que je tente l’école à la maison!»

Nina, 10 ans, Ecole du Jura, Fribourg

«J’ai plus très envie d’aller à l’école. J’aime bien le confinemen­t, parce qu’on peut se lever quand on veut et qu’on a l’horaire qu’on veut. Je trouve même que les choses à faire pour l’école sont plus faciles. Comment ça fonctionne? Ma maîtresse m’envoie un dossier par la poste et nous, on lui renvoie une feuille le vendredi où on a écrit les résultats pour qu’elle puisse les corriger. Ainsi de suite. Si je suis inquiète? Parfois oui, car je vois que ma maman est en souci pour son travail. Sinon, pour le coronarivu­s, j’ai eu un peu peur au début, mais après j’ai compris que je n’étais pas menacée. Mon grand-père l’a attrapé, mais il n’a rien eu. J’ai vu mon papa une partie de la semaine et l’autre partie de la semaine, j’étais avec ma maman, c’était bien organisé. J’aime bien jouer seule, de mon côté, alors, je ne me suis pas ennuyée.

Laurence, sa maman, animatrice sociocultu­relle

«Dès lundi, Nina ira à l’école un jour sur deux. J’ai deux filles de deux unions différente­s, suivies de deux séparation­s. Du coup, quand j’avais les filles en même temps, plus les tâches ménagères, plus mon travail, j’ai été débordée. En revanche, quand les deux étaient chez leur papa respectif, j’ai pu souffler. Au début, on a suivi une routine très stricte. Quinze minutes de yoga, une heure d’école, quinze minutes de pause dehors, le repas, etc. Ensuite, on a assoupli la routine. De ce point de vue, l’école va ramener un cadre, c’est bien. J’espère juste qu’on ne va pas retomber dans l’agenda d’avant: le piano, les copines, passer chez les grands-parents, vite les commission­s, aller chez papa, etc. Ce confinemen­t a tellement allégé l’emploi du temps… J’aimerais bien garder ça!»

Eva, 8 ans, Ecole de la Promenade, Neuchâtel

«Je suis très contente, car je vais revoir mes copains et mes copines. Pendant ce confinemen­t, je n’ai vu que trois copains, qui ne sont pas de la classe. A la maison j’ai étudié le français, l’allemand et les maths. Ma maman est allée chercher les devoirs à l’école et on a travaillé soit chez mon papa, soit chez ma maman. Pour la gym, je faisais du yoga avec mon papa et de grandes balades. Au début, j’ai eu un peu peur du coronaviru­s, je pensais que je pouvais l’attraper et ensuite j’ai compris que c’était juste dangereux pour mes grands-parents. On est allés les voir, mais je suis restée à distance. Ah oui, j’ai aussi suivi mes cours de piano par internet.»

David, son papa, administra­teur

«Je vais ériger des statues à la gloire des enseignant­s! C’est super-exigeant de faire l’école. Au début, je pensais que je pouvais donner les fiches à Eva et continuer à travailler en face d’elle, mais, oublie, enseigner, c’est du 200%! On a travaillé environ deux heures et demie par jour: un moment le matin, un autre l’après-midi. Pareil du côté de sa maman. C’était chouette de voir ce qu’Eva apprend. Par contre, c’était à bien plaire, car la prof n’a jamais fait un seul retour. J’ai trouvé étonnant d’être complèteme­nt au courant du quotidien de ma fille. Après la première semaine d’adaptation, j’ai aimé ce temps de qualité avec elle. Ce qui m’a plu, c’est qu’elle a commencé à beaucoup lire. Et j’ai adoré l’entendre discuter avec ses copines via Skype. J’ai découvert un monde!»

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