La région parisienne défie le déconfinement
L’Ile-de-France reste la région la plus contaminée par le Covid19 et les services de réanimation de ses hôpitaux demeurent saturés. A partir du 11 mai, le sort sanitaire de la France s’y jouera largement
Paris et sa couronne restent assiégées. Si la levée du confinement strict de la population française interviendra bien le 11 mai, la capitale demeure le cas le plus problématique dans un pays où 137150 personnes sont infectées et 25809 sont décédées d'une maladie liée au Covid-19.
Quatre régions étaient «rouges» sur la carte présentée jeudi par le premier ministre Edouard Philippe: l'Ile-deFrance, les Hauts-de-France (nord), le Grand Est et la Bourgogne-FrancheComté. Mais c'est autour de Paris que le sort de la France sanitaire se joue, au vu de la saturation des services de réanimation et du nombre de contaminations. «Le pays est divisé en deux et l'Ile-de-France, malgré une baisse continue, présente encore un taux de contamination élevé, avec plus de 80% des lits en réanimation occupés par des cas de Covid-19», a reconnu Edouard Philippe. La lointaine petite île de Mayotte, dans l'océan Indien, est l'endroit le plus problématique du pays. Résultat: le confinement strict y restera en vigueur.
Le cas de Paris et de la région parisienne posent de multiples défis, au moment où la France «verte», située grosso modo au sud d'une diagonale Le Havre-Genève, voit le bout du tunnel. Dans cette partie du pays, la réouverture des écoles primaires le 11 mai sera suivie par celle des collèges le 18, alors que cette reprise scolaire s'annonce bien plus compliquée en zone «rouge». En Ile-de-France, 376 maires, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, ont signé un appel pour reporter cette rentrée.
La capitale française, qui verra comme le reste du pays ses commerces non alimentaires rouvrir le 11 mai, demeurera sous surveillance. Cafés et restaurants y attendront sans doute le début du mois de juillet avant de redémarrer, alors que le début juin est évoqué pour la zone «verte». Les députés doivent maintenant voter le projet de loi sur la prolongation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 23 juillet à minuit.
Au sein de son département
Autre exemple de déconfinement prudent: les transports en commun, où l'augmentation du trafic (jusqu'à 50% de l'offre avant le Covid-19) sera pondérée par deux exigences, le port du masque obligatoire et une politique de circulation préférentielle aux heures de pointe, réservées aux personnes se déplaçant pour «motifs impérieux». Les déplacements individuels resteront contrôlés par les forces de l'ordre. Se déplacer au sein de son département sera possible sans restrictions, mais aller au-delà de ses limites ne sera permis que dans un rayon de 100 kilomètres, avec une nouvelle attestation. Les gares, aérogares et stations de métro resteront quadrillées par des policiers autorisés à infliger des amendes d'au moins 135 euros. Tous les événements rassemblant plus de 5000 personnes sont interdits jusqu'en septembre.
Les frontières restent aussi en mode verrouillage. Elles demeurent fermées jusqu'au 15 juin et la prolongation de l'état d'urgence sanitaire permet d'obliger à une quarantaine les ressortissants étrangers. Point important toutefois: ces mesures ne seront pas appliquées pour les pays européens, dont la Suisse, mais elles pourront «être au besoin rétablies». Les Suisses devront, pour se rendre en France jusqu'à la mi-juin, justifier d'un motif impérieux. La circulation en provenance des pays voisins de la France sera permise pour les frontaliers (qui circulent depuis le début de l'épidémie), pour les personnes ayant des liens familiaux ou économiques avec la France et pour les travailleurs saisonniers. «Il faut que nous puissions vivre avec le virus», a martelé le premier ministre français. En clair: pas de retour à la normale prévu ces prochaines semaines.
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