Après la crise, quels partis politiques pour redresser le pays?
L’émission «Forum» de la RTS s’interrogeait lundi dernier sur l’avenir des partis une fois la pandémie passée. La question est intéressante, revenons-y. En pleine crise, les mesures qui ont été prises étaient toutes propices au corpus politique de la gauche. Sous la houlette des deux socialistes du gouvernement, un Etat providence a été instauré, fort, omniprésent, centralisateur et dispensateur de prestations sociales. Quant à la gauche écologique, elle s’extasiait sur la pureté de l’air, la transparence des eaux et la baisse du taux de CO2… mais la population se faisait in petto la réflexion qu’il avait fallu, pour obtenir ces améliorations, une sévère restriction des libertés individuelles, un arrêt total de la mobilité, la fermeture des frontières, et nuire durablement à des pans entiers du tissu économique. Les Verts se seraient bien passés de cette démonstration grandeur nature!
A droite, l’UDC a aussi avancé quelques-uns de ses pions favoris: les frontières sont fermées, les appels à la souveraineté industrielle se multiplient, l’UE a démontré son inutilité… Au contraire, la droite libérale a vu advenir tout ce qu’elle déteste: restriction des libertés élémentaires, entreprises réduites à la mendicité, commerce mondialisé mis à l’arrêt, large distribution d’un argent public durement thésaurisé. Tout le contraire de ce libéralisme qui avait permis la prospérité de la Suisse. Dans quelques mois, qu’adviendra-t-il des partis politiques quand le souci économique aura supplanté le souci sanitaire, sachant que le pays vivra une récession, avec un assèchement des rentrées d’impôt, TVA comprise, que l’Etat ne pourra plus distribuer autant d’argent et que chacun devra faire face à l’adversité? Dans une telle situation, la population se montre généralement pragmatique. Elle fera donc confiance aux partis susceptibles de régler les problèmes urgents qui la touchent. Quels sont-ils?
Le PLR a la caractéristique d’être compétent en matière d’économie et de finance, ce qui lui nuit parfois en période de vaches grasses, mais lui sera rapidement favorable car c’est quand tout va bien qu’on peut se permettre de vilipender les entreprises; quand tout va mal, c’est fou comme on les aime tant elles ne sont pas, contrairement à ce qu’en dit la gauche, au seul profit des nantis mais pourvoyeuses du gagne-pain de tous. Toutefois, les Départements des finances et de l’économie sont aux mains de deux conseillers fédéraux UDC, qui prônaient des mesures moins fatales pour l’économie mais devront toutefois tenter d’assurer la reprise et en assumer la responsabilité. Lourde tâche! Avec les libéraux-radicaux, ils peuvent arguer de la pertinence de leur politique parcimonieuse qui, avec le frein à l’endettement, porte ses fruits actuellement et permet à l’Etat de jouer son rôle pour aider les populations. L’UDC bénéficiera aussi du fait qu’il faudra veiller à protéger la main-d’oeuvre locale, éviter l’immigration, réfléchir à une nouvelle souveraineté stratégique, ce qui appartient à son discours. Mais, qui dit crise dit aussi problèmes sociaux, chômage et montée des inégalités, ce qui sera favorable au PS qui a l’image d’être compétent pour gérer ces questions. En revanche, les Verts pourraient stagner dès lors que l’écologie passera au deuxième plan des priorités. Finalement, le bénéfice ira aux partis qui sauront apporter des solutions résolvant les problèmes immédiats de la population, en évitant toute proposition aventureuse, qu’il s’agisse de revenu universel ou de taxer les billets des avions qui ne volent pas. La population suisse, déjà prudente en général, le sera encore plus ces deux, trois prochaines années, et elle pourrait sanctionner ceux qui instrumentaliseront la crise pour tenter de faire passer des idées ayant échoué antérieurement devant le parlement ou devant le peuple. Quant à ceux qui rêvent de voir changer le monde, ils devront d’abord attendre le redressement de l’économie, si ce n’est qu’en l’absence de vent il est inutile de prétendre changer de cap.
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