La magie du pragmatisme suisse
Pragmatisme. Dans le passé comme à l’heure actuelle, c’est le maître mot qui gouverne les relations économiques entre le géant chinois et la Suisse. En 1820 déjà, la maison horlogère Bovet de Fleurier (NE) disposait d’un comptoir dans le port de Canton. C’est avec le même sens des affaires que Schindler (fabricant d’ascenseurs) signait en 1980 la première coentreprise en Chine et la Confédération un accord de libre-échange en 2013. C’était aussi une première pour Pékin.
Ça paie. En 1951, les échanges dans les deux sens s’élevaient à 167 millions de francs. En 2018, les exportations chinoises vers la Suisse ont atteint 4 milliards. Les exportations suisses 38,5 milliards. «Nous sommes le seul pays jouissant d’une balance commerciale favorable avec la Chine, souligne Christophe Weber, président de la section romande Chambre du commerce SuisseChine. L’accord de libre-échange sino-suisse est unique; il ouvre le plus grand marché du monde à nos entreprises.»
Du côté des investissements, 1050 sociétés suisses sont actives en Chine. Du côté chinois, elles sont une soixantaine à avoir pignon sur rue, la plus notable étant la multinationale d’agrochimie Syngenta, acquise en 2017 par ChemChina.
La Suisse se défend de faire bande à part par rapport aux autres pays européens, par exemple dans le projet des Routes de la soie. Alors que ces derniers s’en méfient, Berne est partie prenante. Des entreprises suisses, elles, sont aux aguets pour décrocher des contrats.
Le pragmatisme suisse est aussi politique. Il y a pile 70 ans, alors que les pays occidentaux étaient encore suspicieux face à la révolution chinoise de Mao Tsé-toung, la Suisse demandait d’établir des relations diplomatiques avec l’Empire du Milieu.
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