Le Temps

Après une plus-value de 3500%, l’actionnair­e principal de BlackRock vend ses parts

- MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFa­rine

La banque américaine PNC Financial détenait 22,4% du capital, soit 17 milliards de dollars, du plus grand gestionnai­re d’actifs du monde depuis vingt-cinq ans. Ce dernier rachètera pour 1,2 milliard d’actions

BlackRock perd son actionnair­e principal, présent depuis vingtcinq ans au capital du numéro un de la gestion d’actifs. PNC Financial Services, une banque basée à Pittsburgh, a annoncé lundi soir son intention de céder ses quelque 17 milliards de dollars d’actions, soit 22,4% du capital. Pour son patron, William Demchak, «nous sentions que le moment était venu» de céder ce paquet acquis avant l’entrée en bourse du spécialist­e de l’investisse­ment.

Il n’a pas évoqué de raison précise, si ce n’est celle de renforcer son assise financière, qui pourrait lui permettre de saisir des opportunit­és «dont l’histoire a montré qu’elles apparaisse­nt lorsque les marchés sont disloqués». On ignore le prix exact auquel PNC a acquis ce paquet d’actions, mais vingt-cinq ans après son placement, on devine qu’il peut se targuer d’une plus-value substantie­lle. Mis en bourse à 14 dollars par action en octobre 1999, le titre de BlackRock s’échangeait lundi soir à 493,11 dollars (en baisse de 3% suite à l’annonce de PNC), soit une hausse d’environ 3500% en vingt et un ans, à des kilomètres de celle du S&P 500, qui a pourtant plus que doublé pendant cette période.

L’erreur «héroïque»

La présence de PNC dans le capital de BlackRock remonte à 1995, alors que ce dernier était encore loin de représente­r l’acteur majeur de la gestion d’actifs qu’il est aujourd’hui, avec 16200 employés et 6470 milliards de dollars sous gestion, suscitant à la fois fascinatio­n et polémique. Larry Fink (toujours directeur général) crée BlackRock avec plusieurs autres spécialist­es de l’investisse­ment en 1988. L’entité est alors installée sous l’ombrelle du groupe BlackStone. Ce dernier est présidé par Stephen Schwarzman. C’est lors d’un désaccord entre les deux hommes sept ans plus tard qu’intervient PNC, qui rachète une partie du capital. Une vente que Stephen Schwarzman a par la suite décrite comme une erreur «héroïque».

De son côté, BlackRock a annoncé vouloir racheter l’équivalent de 1,1 milliard de dollars des actions mises sur le marché par PNC. Cela portera les rachats d’actions à 1,5 milliard cette année, soit l’objectif que s’est fixé le groupe basé à New York. Loin derrière PNC figurent parmi les autres actionnair­es principaux de BlackRock une grande partie de ses concurrent­s, dont Vanguard (5,7%) et The Capital Group Companies (4,8%).

En début d’année, BlackRock a annoncé un changement majeur dans son approche: dans sa lettre annuelle aux dirigeants des grandes entreprise­s, Larry Fink promettait de liquider les investisse­ments non durables du groupe. Le changement climatique induit une «transforma­tion fondamenta­le du secteur financier», disait-il alors. Un point de vue renforcé par la crise sanitaire liée au Covid-19, a-t-il ensuite assuré. Cette dernière a par ailleurs un impact sur ses finances: BlackRock a fait état d’une baisse de ses avoirs sous gestion, de 7430 milliards à 6470 milliards à la fin du premier trimestre, en raison de la chute des bourses en février et mars.■

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