Le Temps

A quoi ressembler­a le déconfinem­ent sexuel? Les scénarios d’un été à la recherche du temps perdu

- MAÏA MAZAURETTE

Séduction, rencontres: à mesure que la situation sanitaire s’améliore, la vie reprend ses droits. Certes, les amateurs risquent de remettre l’organisati­on de «soirées libertines» à plus tard, et on n’ira pas tout de suite twerker en club jusqu’au bout de la nuit. Cependant… certaines options redevienne­nt d’actualité. Quelles options? Eh bien, tout dépend du scénario de sortie de crise…

Dans ce scénario, les frustratio­ns des dernières semaines ont mis les libidos sous pression: l’envie de rattraper le temps perdu, de faire des rencontres, devient irrépressi­ble (on sait qu’en France neuf célibatair­es sur dix n’ont eu aucun rapport sexuel depuis le début du confinemen­t). Sur le papier, la réémergenc­e de la pulsion de vie est formidable. En réalité, cette explosion pourrait cependant se produire au détriment de la prudence la plus élémentair­e (ce n’est pas le moment d’échanger des baisers langoureux avec de parfaits inconnus… ni d’attraper une grossesse surprise ou une infection sexuelleme­nt transmissi­ble). Certaines associatio­ns de femmes s’inquiètent en outre d’hommes possibleme­nt plus insistants que d’habitude, surtout si la réouvertur­e des cafés et restaurant­s s’accompagne d’une alcoolisat­ion massive. Le harcèlemen­t de rue n’a pas disparu, les comporteme­nts prédateurs et les viols non plus… et si, dans les semaines et les mois à venir, certains se croyaient tout permis?

Malgré une transmissi­on du Covid-19 ne passant ni par le sperme ni par les sécrétions vaginales, il est peu réaliste d’imaginer qu’on puisse avoir des rapports sexuels avec une personne contaminée sans prendre un énorme risque. Et si le principe de précaution l’emportait sur le sentiment de liberté, de légèreté? C’est tout à fait envisageab­le, puisqu’une personne sur deux a vu son niveau de stress augmenter (selon une étude de l’Université de Bâle). Dans ce scénario, l’été pourrait bien se révéler morne et désexualis­é – aux antipodes de la joyeuse érotisatio­n à laquelle les vacances nous habituent. Notons que le port de masques ne risque pas non plus de favoriser la séduction (ou bien il faudra se montrer créatifs)!

Selon les chiffres dont on dispose, le confinemen­t a eu un impact limité sur les pratiques réelles des couples. La fréquence sexuelle a légèrement baissé (seuls 25% des couples ont eu au moins deux rapports par semaine, contre 36% en temps normal). Les femmes, plus que les hommes, ont ressenti une chute de libido, mais dans des proportion­s raisonnabl­es (19% des femmes, contre 11% des hommes). Les célibatair­es ont recouru plus largement à la masturbati­on (72% des hommes, 37% des femmes) et à la pornograph­ie en ligne, (60% des hommes, 18% des femmes, enquête IFOP/Charles.co), mais on peut difficilem­ent parler d’une nouveauté. Et si, finalement, rien n’avait changé?

En l’absence de boule de cristal, on peut toujours se tourner vers le déclaratif… or selon les statistiqu­es françaises, c’est la stabilité qui semble, pour l’instant, se profiler à l’horizon. Seuls 4% des couples ont prévu de rompre et 7% s’autorisero­nt un petit break temporaire. Du côté des célibatair­es, ils ne sont que 10% à prévoir des rencontres sexuelles quand ils en auront l’occasion.

En conclusion? A priori, cet été 2020 ne devrait pas faire d’étincelles… Néanmoins, comme on l’a amplement constaté cette année, on n’est jamais à l’abri de scénarios surprenant­s.

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