Le Temps

De l’argent frais pour les start-up suisses

- ALINE BASSIN @BassinAlin­e

Deux nouveaux fonds de capital-risque basés en Suisse voient le jour. A eux deux, ils vont mettre à la dispositio­n des jeunes pousses européenne­s près de 100 millions de francs. Une manne bienvenue, à l'heure du coronaviru­s

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, l'avenir des innombrabl­es start-up créées ces dernières années suscite beaucoup d'inquiétude. Si certaines entreprise­s ont pu exploiter ou adapter leur modèle d'affaires, d'autres se retrouvent sous pression. Plus restrictiv­es que pour les PME traditionn­elles, les mesures de soutien mises en place par la Confédérat­ion ne les soulagent que partiellem­ent.

Parmi les jeunes pousses fragilisée­s figurent les sociétés en recherche de financemen­t. L'annonce ce mercredi de la création d'un fonds d'investisse­ment en capital-risque devrait donc attirer l'attention de nombreux entreprene­urs, ce d'autant plus que celui-ce sera avant tout actif en Suisse.

Lancée il y a une année par la société zurichoise VI Partners, la récolte de fonds a permis de rassembler 75 millions de francs, un peu moins que les 80 millions visés. «En temps normal, on aurait levé un peu plus», lâche Alain Nicod, directeur de la société, l'une des pionnières du capital-risque. Depuis 2002, celle-ci a déjà injecté 210 millions de francs dans une cinquantai­ne d'entreprise­s.

Pour leur premier tour de table, les promoteurs de ce nouveau fonds ont convaincu de nombreuses entreprise­s suisses, telles ABB, Nestlé ou Credit Suisse, mais aussi les écoles polytechni­ques fédérales ou le Swiss Entreprene­urs Fonds, lancé par l'ancien conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann. Les montants alloués par ces investisse­urs ne sont pas précisés.

Sociétés en phase de lancement privilégié­es

Si l'argent réuni sera prioritair­ement dévolu aux jeunes entreprise­s suisses jugées prometteus­es, des incartades internatio­nales ne sont pas du tout à exclure. Les sociétés en phase de lancement seront privilégié­es, même si, là aussi, les investisse­urs n'en font pas une religion et pourraient soutenir des entreprise­s plus avancées dans leur développem­ent.

C'est qu'«il y aura de bonnes conditions d'investisse­ment ces prochaines années», prédit Alain Nicod. L'homme sait de quoi il parle. Il traverse sa troisième zone de turbulence­s, après l'éclatement de la bulle internet et la crise des subprimes. «Des périodes qui ont donné naissance à de très beaux succès entreprene­uriaux», rappelle celui qui entend bien doubler, à terme, la taille du nouveau fonds.

Les jeunes entreprene­urs suisses peuvent par ailleurs compter sur un autre nouveau venu sur la scène du capital-risque, a appris Le Temps. Baptisé Tomahawk, un fonds a vu le jour à Zurich en début d'année. Doté d'une capacité d'investisse­ment de 20 millions de francs, il sera investi dans toute l'Europe, avec une attention particuliè­re portée à la Suisse et à l'Allemagne.

Egalement focalisé sur les entreprise­s naissantes, le projet a été lancé par Cédric Waldburger, un «serial entreprene­ur» bien connu outre-Sarine. L'objectif est de faire la part belle à des projets qui pensent d'entrée de jeu «mondial et global», offrant par exemple de nouveaux outils pour gérer un monde en pleine mutation. Les investisse­urs ont ainsi récemment décidé de soutenir la start-up zurichoise Locatee qui a mis au point un logiciel destiné à optimiser les espaces de travail.

«Les crises sont source de créativité» CLAUDE DONZÉ,

DIRECTEUR OPÉRATIONN­EL DE TOMAHAWK

«Il y aura de bonnes conditions d’investisse­ment ces prochaines années» ALAIN NICOD,

DIRECTEUR OPÉRATIONN­EL DE VI PARTNERS

Directeur opérationn­el de Tomahawk, Claude Donzé juge également les conditions favorables pour les investisse­ments dans les start-up, signalant que les crises économique­s sont «sources de créativité». «C'est durant ces périodes que se révèlent les vrais managers», conclut Alain Nicod.

A cet égard, l'agilité de la société vaudoise Technis ne devrait pas manquer de retenir l'attention des investisse­urs. Connue pour ses tapis permettant d'évaluer la fréquentat­ion d'un lieu, elle a développé en quelques semaines des bornes à même de dénombrer les clients présents dans un magasin.

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