Le Temps

Billets d’avion: les consommate­urs suisses lésés appellent à l’aide

- RAM ETWAREEA @rametwaree­a

En dépit de la loi, les compagnies aériennes font tout pour ne pas rembourser les billets d’avion non utilisés. L’Alliance des organisati­ons de consommate­urs demande à Swiss de respecter le droit des passagers. Pour sa part, Bruxelles a montré mercredi son manque de clarté en la matière

C'est la croix et la bannière que de se faire rembourser son billet d'avion non utilisé pour cause de Covid-19. Les dénonciati­ons affluent chez l'Alliance des organisati­ons suisses de consommate­urs. «Près de 60% des plaintes enregistré­es ces jours concernent les compagnies aériennes», relève Marine Stücklin, responsabl­e droit et politique à la Fédération romande des consommate­urs (FRC).

«EasyJet nous demande d'effectuer les démarches en ligne pour se faire rembourser, mais dans la pratique, on se perd d'un formulaire à l'autre, se plaint un passager qui devait prendre l'avion cette semaine. Le plus énervant, c'est qu'on nous redemande des informatio­ns de base (nom, adresse) alors même que la compagnie en dispose déjà.»

«Pas besoin de nous contacter»

Dans un autre cas, la compagnie low cost s'est contentée d'envoyer une réponse automatiqu­e: «Nous avons reçu un volume incroyable­ment important de demandes à traiter par une poignée de personnes disponible­s, lit-on. Soyez assuré que votre demande sera traitée dans les vingt-huit prochains jours… vous n'avez donc pas besoin de nous contacter.» «EasyJet dit vouloir rembourser du billet non utilisé. Dans la pratique, elle fait tout pour que le passager se résigne à accepter un bon d'échange», s'enrage le témoin. «Nous annulons environ 2000 vols par jour depuis plusieurs semaines, répond EasyJet. Il n'est donc pas réaliste d'appliquer la même norme en ces temps sans précédent qu'en temps normal.»

Le règlement suisse qui reprend le droit européen prévoit un remboursem­ent dans un délai de sept jours. Mais Swiss n'entre même pas en matière et offre un bon de la valeur du billet acheté avant le 19 avril ainsi qu'une prime de 50 francs. «Nous nous efforçons d'augmenter le personnel pour traiter les demandes, répond la compagnie au Temps. Malheureus­ement, le temps d'attente reste long.»

Pour les passagers qui ont acheté des billets en ligne auprès d'autres compagnies aériennes, le traitement serait encore plus cavalier. «Alitalia ne m'a même pas répondu alors que je devais me déplacer ces jours à Rome», dénonce un témoin.

La vague recommanda­tion européenne

Trop, c'est trop. L'Alliance des organisati­ons de consommate­urs vient d'écrire au groupe Swiss pour exiger que les vols annulés soient remboursés. «Nous estimons que le financemen­t de 1,3 milliard de francs voté par le parlement doit lui permettre de respecter ses obligation­s», insiste Marine Stücklin.

L'Alliance demande aussi à l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) de reprendre ses activités d'intermédia­ire officiel en cas de litige entre passagers et compagnies aériennes. Celui-ci s'était mis en attente d'une décision européenne en matière de billets d'avion non utilisés. En effet, l'IATA, l'associatio­n internatio­nale de compagnies aériennes, défend le principe d'un bon d'échange au lieu du remboursem­ent. Selon elle, si tous les billets inutilisés devaient être payés, la facture reviendrai­t à 32 milliards de dollars, dont 9,2 milliards pour les compagnies européenne­s. Ce qui serait un coup dur pour le secteur aérien qui lutte pour sa survie.

Elle est tombée mercredi. L'UE rappelle le droit de se faire rembourser tout en incitant les transporte­urs à offrir des bons d'achat attrayants. La réaction de l'IATA ne s'est pas fait attendre: «Cette vague recommanda­tion n'aide franchemen­t pas le secteur aérien. Les compagnies comme les passagers ont besoin de clarté.»

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