Le Temps

«The Charmer», l’amant iranien

Inédit dans les salles suisses, le premier long métrage de Milad Alami, petit conte cruel de l’immigratio­n, est disponible en vidéo à la demande

- STÉPHANE GOBBO @StephGobbo

Au retour d'une garden-party idyllique, Esmail se voit signifier par sa petite amie qu'il va trop vite en besogne. Elle se sent esclave de leur relation, elle étouffe. Et voilà le jeune homme renvoyé à la case départ, qui pour lui est un bar à vin branché où, comme un loup solitaire, il passe son temps à scruter les femmes qui pourraient être disponible­s.

Esmail est Iranien, cela fait deux ans qu'il vit au Danemark. Déménageur le jour, il enfile le soir son complet, comme Cendrillon allant au bal. But: trouver une âme pas forcément soeur, mais prête, telle une princesse charmante et salvatrice, à se lancer dans une relation pérenne lui évitant d'être renvoyé dans son pays. Au premier regard, Sara, Iranienne aussi, va le percer à jour, alors que dans le même temps, un homme s'intéresse un peu trop à son petit manège de dragueur…

Beau ténébreux

Né en Iran, Milad Alami a grandi en Suède puis s'est installé au Danemark. Il est diplômé – comme Bille August et Lars Von Trier – de la National Film School de Copenhague. The Charmer est son premier long métrage. Esmail est pour lui «un moyen d'explorer les thèmes de l'identité, des différence­s de classes, des origines ethniques et du sentiment d'impuissanc­e». Son personnage est d'autant plus intéressan­t qu'il est difficile à cerner, que ses évidentes blessures sont bien enfouies, qu'il préfère jouer au beau ténébreux qu'à l'amant volubile.

Jusqu'à son émouvant final, qui entremêle joliment espoir et désillusio­n, The Charmer prend les atours d'un petit contre cruel – et universel – de l'immigratio­n. Loin des clichés, alors même que le récit n'a rien de follement original, ce film resté inédit dans les salles suisses s'avère d'une belle justesse.

▅ The Charmer, de Milad Alami (Danemark, 2017), avec Aradalan Esmaili, Soho Rezanejad, Susan Taslimi, Lars Byrgmann, 1h40. Disponible en vidéo à la demande sur la plateforme Filmingo.

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