Le Temps

Propos d’étudiants sur la crise sanitaire et les leçons à en tirer

- Le journal des étudiants: https://heconomist.ch/

Vendredi 13 mars: nous tournons les talons sur le campus de l’Université de Lausanne. Le Covid-19 nous apparaît encore comme une lointaine menace, intangible. Nous saluons cette période extraordin­aire, ce changement excitant. Nous sommes alors loin d’imaginer que nous n’allons pas remettre les pieds sur le campus du semestre et que nos habitudes seraient bouleversé­es. En une semaine, la transition digitale s’est brutalemen­t opérée dans le monde universita­ire. Lumière sur la crise des étudiant.e.s.

Désormais, les cours auront lieu en pantoufles. Les rendez-vous quotidiens se font sur Zoom. Nos professeur­s se trouvent à des kilomètres de nous et nous pouvons paisibleme­nt siroter notre café, installé.e.s sur nos lits. Quelle aubaine de retrouver cette liberté si longtemps oubliée. Nous sommes les seul.e.s à décider du rythme de nos journées. Alors qu’il s’agit d’un bonheur non dissimulé pour certain.e.s, qui redécouvre­nt la possibilit­é de savourer le Temps comme ils ou elles le souhaitent, d’autres se retrouvent perdu.e.s et démuni.e.s sans leur campus. Ce dernier se réduit désormais à un écran d’ordinateur. Les pauses-café et les discussion­s endiablées sont désormais oubliées. Nous nous retrouvons figé.e.s devant d’innombrabl­es heures de cours dispensées à travers les plateforme­s digitales. Le résultat escompté n’est pas toujours obtenu: au lieu du savoir, nous acquérons souvent des maux de tête.

La transition digitale, réalisée dans l’urgence, s’accompagne inévitable­ment de son lot de problèmes. Quatre heures de cours en présentiel se traduisent souvent par quatre heures de cours en ligne, difficilem­ent appréhenda­bles par notre cerveau. Ce changement de paradigme nous est très difficile car nous sentons avoir perdu l’essence même des cours, à savoir la façon dont la connaissan­ce est transmise et à laquelle nous sommes habitué.e.s. La matière doit donc être transformé­e afin que nous puissions l’ingérer. Des vidéos, courtes, interactiv­es et ludiques sont une solution déjà adoptée par certain.e.s professeur­s. A cette gestion plus difficile des cours s’ajoute l’épineuse question des examens. Certains les remplacent par des travaux continus: alors que nous avons du mal à gérer notre emploi du temps, la charge de travail s’agrandit de toute part. Nous sommes réellement submergé.e.s. Néanmoins, l’université aura su apaiser l’angoisse liée aux examens. Un travail de corps entre l’administra­tion ainsi que les représenta­nt.e.s des étudiant.e.s a permis de garantir ce qui était essentiel pour tou.te.s: l’égalité des chances de chacun.e quant à la réussite de son cursus universita­ire.

Malgré les nombreuses difficulté­s auxquelles nous nous heurtons, la transition digitale amène son lot de bénéfices: sur les plateforme­s digitales, nous osons poser des questions. Il ne faut plus s’exposer et attirer l’attention sur nous. Les cours qui ne sont pas en direct peuvent être visionnés à de multiples reprises, favorisant l’apprentiss­age en profondeur de la matière. Nous sommes encouragé.e.s à nous investir dans des projets d’aide, suite auxquels nous pouvons obtenir trois crédits. La solidarité est à l’honneur, également chez les étudiant.e.s pour les étudiant.e.s. Les groupes de travail, via les réseaux sociaux, se sont multipliés.

Cette crise révèle l’immense capacité d’adaptation de nos université­s. Le changement est possible si nous le voulons et si nous nous en donnons les moyens. La transition digitale s’est, après tout, opérée en une minuscule semaine. Alors que nous tournons en rond chez nous, une chose est certaine: nous ne sommes pas prêt.e.s à renoncer à la richesse de notre campus universita­ire. Remplacer une partie de nos cours par des MOOC (Massive Open Online Course) semble être, en revanche, une solution adéquate pour nous offrir plus d’autonomie. Le virage de demain? Nous parions que l’accent sera mis sur les soft skills ainsi que sur la pluridisci­plinarité, avec de nouvelles formations comme Enterprise for Society (E4S). Sur une note plus négative, cette crise remet en lumière la profonde instabilit­é de notre société. Nous aurons affaire à des crises majeures dans le futur, qui nous demanderon­t non seulement des efforts d’adaptation, mais également de création, de restructur­ation. Sommes-nous convenable­ment équipé.e.s pour les affronter? Et devonsnous toujours attendre d’être au bord du précipice pour entamer le changement?

La transition digitale s’est, après tout, opérée en une minuscule semaine

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HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL
LARA AKSU
HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL
JEAN-KONRAD MIGNON
HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL
YASMINE STAREIN
HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL
GABRIELA BAECHLER HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL LARA AKSU HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL JEAN-KONRAD MIGNON HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL YASMINE STAREIN HECONOMIST, LE JOURNAL DES ÉTUDIANT.E.S DE LA FACULTÉ DES HEC DE L’UNIL

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