L’économie, indispensable moteur de l’Union européenne
Angela Merkel et Emmanuel Macron l’ont bien compris: la résilience et la renaissance de l’Union européenne seront économiques ou ne seront pas. Alors que les 27 Etats membres de l’UE voient presque tous leurs indicateurs plonger, le flot des demandeurs d’emploi grossir, les annonces de plans sociaux se multiplier et le secteur du tourisme menacé d’effondrement, la question de l’attachement des peuples au projet communautaire rime avec la relance à venir. Plus l’Europe, appuyée sur son marché unique, réussira à relancer sa machine économique, moins les Etats membres auront de raisons de s’en plaindre et d’afficher leurs divergences. Le défi posé par la pandémie de Covid-19 est d’abord celui de la reconstruction. C’est celui que l’initiative franco-allemande d’un plan de relance de 500 milliards d’euros financé par le budget communautaire, ajoutée aux initiatives de la zone euro déjà approuvées, s’efforce à juste titre de relever.
L’accent sur l’économie, trop souvent reléguée à Bruxelles derrière le refrain des principes fondateurs et l’impératif de la libre circulation des personnes, a en plus l’avantage de permettre à l’Union européenne d’oeuvrer aux transformations indispensables à son modèle. Impossible de convaincre les 500 millions de citoyens de l’UE de la nécessité d’une transition écologique sans leur apporter la preuve, par la création de nouveaux emplois, que celle-ci ne sera pas seulement synonyme de davantage de taxes et de règles. Impossible d’adresser à la Chine le message d’une souveraineté européenne retrouvée si les entreprises du continent ne sont pas aidées dans la relocalisation de leur production industrielle. Impossible, enfin, de réparer les blessures entre les pays du nord de l’Europe, présumés rigoureux, et ceux du sud, présumés dépensiers et surendettés, si le chemin de la croissance n’est pas retrouvé pour tous.
A Paris comme à Berlin, le signal d’alarme du Covid-19 a retenti à plein volume. Les deux premières puissances économiques de la zone euro savent, après le feuilleton chaotique du Brexit et vu la perspective d’un échec des négociations commerciales en cours avec le Royaume-Uni, que la pandémie peut faire caler le moteur européen imaginé, voilà 70 ans tout juste, par Robert Schuman dans sa déclaration du 9 mai 1950. «L’Europe se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait», avait déclaré ce dernier. Angela Merkel et Emmanuel Macron viennent, en pleine tourmente sanitaire, de se comporter comme ses dignes héritiers.
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Les dignes héritiers de Robert Schuman