Le Temps

L’économie, indispensa­ble moteur de l’Union européenne

- RICHARD WERLY @LTwerly

Angela Merkel et Emmanuel Macron l’ont bien compris: la résilience et la renaissanc­e de l’Union européenne seront économique­s ou ne seront pas. Alors que les 27 Etats membres de l’UE voient presque tous leurs indicateur­s plonger, le flot des demandeurs d’emploi grossir, les annonces de plans sociaux se multiplier et le secteur du tourisme menacé d’effondreme­nt, la question de l’attachemen­t des peuples au projet communauta­ire rime avec la relance à venir. Plus l’Europe, appuyée sur son marché unique, réussira à relancer sa machine économique, moins les Etats membres auront de raisons de s’en plaindre et d’afficher leurs divergence­s. Le défi posé par la pandémie de Covid-19 est d’abord celui de la reconstruc­tion. C’est celui que l’initiative franco-allemande d’un plan de relance de 500 milliards d’euros financé par le budget communauta­ire, ajoutée aux initiative­s de la zone euro déjà approuvées, s’efforce à juste titre de relever.

L’accent sur l’économie, trop souvent reléguée à Bruxelles derrière le refrain des principes fondateurs et l’impératif de la libre circulatio­n des personnes, a en plus l’avantage de permettre à l’Union européenne d’oeuvrer aux transforma­tions indispensa­bles à son modèle. Impossible de convaincre les 500 millions de citoyens de l’UE de la nécessité d’une transition écologique sans leur apporter la preuve, par la création de nouveaux emplois, que celle-ci ne sera pas seulement synonyme de davantage de taxes et de règles. Impossible d’adresser à la Chine le message d’une souveraine­té européenne retrouvée si les entreprise­s du continent ne sont pas aidées dans la relocalisa­tion de leur production industriel­le. Impossible, enfin, de réparer les blessures entre les pays du nord de l’Europe, présumés rigoureux, et ceux du sud, présumés dépensiers et surendetté­s, si le chemin de la croissance n’est pas retrouvé pour tous.

A Paris comme à Berlin, le signal d’alarme du Covid-19 a retenti à plein volume. Les deux premières puissances économique­s de la zone euro savent, après le feuilleton chaotique du Brexit et vu la perspectiv­e d’un échec des négociatio­ns commercial­es en cours avec le Royaume-Uni, que la pandémie peut faire caler le moteur européen imaginé, voilà 70 ans tout juste, par Robert Schuman dans sa déclaratio­n du 9 mai 1950. «L’Europe se fera par des réalisatio­ns concrètes créant d’abord des solidarité­s de fait», avait déclaré ce dernier. Angela Merkel et Emmanuel Macron viennent, en pleine tourmente sanitaire, de se comporter comme ses dignes héritiers.

Les dignes héritiers de Robert Schuman

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