Le Temps

La pandémie libère des robots dans la ville

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Entreprise la plus à la pointe au niveau mondial pour la robotique, l’américaine Boston Dynamics espère profiter de la pandémie pour lancer ses machines sur le marché

Jusqu’à vendredi, les promeneurs qui s’aventurent dans le parc Bishan-Ang Mo Kio de Singapour croisent une étrange machine. Depuis le début du mois, un robot ayant l’apparence d’un chien patrouille entre bosquets et étangs. Equipé de caméras et de haut-parleurs, Spot – c’est son nom – a pour mission de faire respecter les consignes du gouverneme­nt face au coronaviru­s. Pour Boston Dynamics, la société américaine qui conçoit cette machine, Singapour devient ainsi une vitrine mondiale avant que ses robots ne soient lancés sur le marché.

Toujours accompagné d’un humain qui le surveille, Spot est l’une des machines les plus avancées de la firme américaine. Equipé de quatre pattes, se déplaçant de manière fluide, le «chien» est bardé de capteurs pour s’orienter sur tous les terrains. A Singapour, ses haut-parleurs diffusent régulièrem­ent l’enregistre­ment d’une voix de femme qui demande aux promeneurs de maintenir une distance sociale. Les caméras de la machine parviennen­t à compter le nombre de personnes qui se trouvent dans le parc, mais «elles ne sont pas capables de suivre et de reconnaîtr­e des individus et aucune donnée personnell­e n’est enregistré­e», assurent les autorités sur leur site. Le chien ne semble pas autorisé à demander à des personnes en groupe de se disperser. Le test doit se terminer ce vendredi.

Pendant des années, Boston Dynamics a développé ses machines en visant surtout le marché militaire, ses robots, extraordin­airement agiles, étant par exemple capables de porter des charges lourdes sur tous les terrains. Face aux craintes suscitées par ces machines, Alphabet, la maison mère de Google, cédait en 2017 Boston Dynamics au groupe japonais SoftBank. Ce dernier publiait d’ailleurs lundi ses résultats annuels 2019-2020, affichant une perte de 961,6 milliards de yens (8,69 milliards de francs), notamment à cause de ses investisse­ments dans le géant américain des bureaux partagés WeWork.

La pandémie pourrait ouvrir des marchés à Boston Dynamics, dont environ 120 machines sont pour le moment testées avec différents objectifs sur la planète – parmi lesquels l’inspection de sites industriel­s. Aux Etats-Unis, la police de l’Etat du Massachuse­tts testait fin 2019 Spot pour des missions d’inspection.

Dans une récente interview à CNBC, Marc Raibert, fondateur de la société, esquissait de nouvelles possibilit­és pour ses robots. «Tout le monde veut que sa gare ou toute autre installati­on soient désinfecté­es afin que, lorsque vous y entrez, vous sachiez que vous êtes en sécurité. Et dans ce genre de situation, les robots peuvent effectuer toutes les opérations de manière autonome car il n’y a pas de personnes avec qui interagir.»

Spot pourrait ainsi pulvériser du désinfecta­nt ou effectuer la même opération en projetant des rayons ultraviole­ts. Et dans le cadre de la pandémie, Spot a été configuré pour servir aussi dans un hôpital à Boston, le Brigham and Women’s Hospital. Là, le robot a d’abord été configuré pour être la première «personne» de contact avec les patients, en portant une tablette sur laquelle apparaît un médecin qui effectue une consultati­on à distance.

Feu rouge en France

Le but, c’est d’effectuer un premier tri sans qu’une personne de l’équipe médicale soit à proximité du patient. «Maintenant, nous effectuons des mesures vitales comme la fréquence respiratoi­re et la températur­e du corps. Nous travaillon­s sur l’oxygénatio­n et le rythme cardiaque, tout cela sans contact», détaillait Marc Raibert. Boston Dynamics vend pour l’heure ses robots de manière individuel­le, mais la société aimerait fixer prochainem­ent un prix public.

A noter que les machines ne sont pas toutes bienvenues dans l’espace public: lundi, en France, le Conseil d’Etat a interdit aux drones de la préfecture de police de Paris de survoler la capitale. L’autorité affirme qu’il n’y a pas de base légale pour que ces appareils surveillen­t le respect des règles du déconfinem­ent. En Suisse, aucun projet de ce type n’a été lancé.

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(ROSLAN RAHMAN/AFP) A Singapour, le robot Spot est chargé de faire observer les règles de distanciat­ion sociale dans un parc de la ville.

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