Le Temps

Coûts supplément­aires… et Jeux au rabais?

- LIONEL PITTET @lionel_pittet

Le report des JO de Tokyo engendrera des frais importants, que le comité d’organisati­on cherche à amortir en réalisant des économies partout où cela semble possible. Paris 2024 repense aussi certains aspects de son projet

En annonçant le 24 mars dernier le report d’une année des Jeux de la XXXIIe olympiade de l’ère moderne, le CIO a immédiatem­ent précisé qu’il garderait le même nom: les Jeux olympiques et paralympiq­ues de Tokyo 2020. Mais l’événement, lui, sera très différent de ce qu’il devait être.

Le surcoût de l’organisati­on, estimé entre 2 et 6 milliards de dollars (sur un budget qui s’élevait avant la pandémie à 12,6 milliards), contraint les organisate­urs à essayer de réaliser des économies partout où cela semble possible. Les responsabl­es de l’édition suivante, Paris 2024, sont également en train de prendre la mesure de la crise actuelle. Plus les semaines passent, plus le monde du sport réalise qu’il sera impossible de reprendre sa marche en avant après la pandémie comme après n’importe quelle pause entre deux saisons. Les stigmates de la crise seront profonds et durables.

Au Japon, le directeur général de Tokyo 2020, Toshiro Muto, l’a reconnu lors d’une conférence de presse en ligne la semaine dernière: «Les Jeux que nous aurons dans un an ne seront peut-être pas les mêmes que les Jeux olympiques et paralympiq­ues classiques que nous avons connus dans le passé.» Il s’est limité à n’évoquer qu’un seul chantier d’économie: le possible abandon du relais de la flamme, qui devait relier les 47 provinces du pays en 121 jours. Mais selon les sources du site spécialisé Francs Jeux, les organisate­urs plancherai­ent sur 100 postes de réduction de dépenses différents, afin d’amortir une facture supplément­aire que les 650 millions de dollars d’aide promis par le CIO ne suffira vraisembla­blement pas à couvrir. «Nous devons revoir ce qui est essentiel et nous demander quels sont les éléments vraiment indispensa­bles», a encore souligné Toshiro Muto. Alors qu’ils coûteront plus cher, les JO de Tokyo risqueront d’être moins fastueux que prévu.

«Ne pas toucher à l’ADN» en 2024

En France, le projet de Paris 2024 a été secoué fin avril par une tribune de Guy Drut, membre du CIO et ancien ministre des Sports, l’estimant «obsolète» et «dépassé» compte tenu de la crise du nouveau coronaviru­s. Président du comité d’organisati­on, Tony Estanguet «ne partage pas cette analyse» ainsi qu’il l’a affirmé à plusieurs médias voilà une dizaine de jours. Mais avec son équipe, il est tout de même en train de repenser l’événement. L’objectif est «de ne pas toucher à l’ADN» des JO 2024 mais de chercher à réaliser des économies sur tout ce qui ne prétérite pas le spectacle en lui-même. Les coulisses. Ce qui ne se voit pas. La future capacité d’accueil du village olympique a déjà été réduite de 18000 à moins de 15000 lits, et les réflexions se poursuiven­t dans des domaines comme les transports, où les stations de métro qui quadrillen­t la capitale française «tous les 400 mètres» pourraient justifier de ne pas mettre en place un réseau spécifique pour chaque type de participan­ts (spectateur­s, médias, officiels).

Il n’y a «pas de surcoût identifié» aujourd’hui pour les Jeux olympiques de Paris, souligne Tony Estanguet. Mais il est déjà l’heure de tirer les leçons de la crise et d’aborder l’avenir avec prudence. Des experts de tous bords s’interrogen­t déjà quant à la possibilit­é de réunir 11000 athlètes en provenance de plus de 200 nations au Japon en juillet 2021 si un vaccin susceptibl­e d’enrayer la pandémie actuelle n’a pas été découvert d’ici là… «Nous espérons que Tokyo sera le lieu où l’humanité se réunira après son triomphe contre le Covid-19», a déclaré le directeur de l’Organisati­on mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, ce week-end, lors d’une interventi­on commune avec le président du CIO, Thomas Bach.

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