Le Temps

Genève, la ville aux vélos, c’est maintenant

- MARIE-PIERRE GENECAND

Et si Genève devenait Amsterdam ou Copenhague? Et si, en 2020, cette ville confinée entre Salève et Jura devenait la reine de la petite reine? On a tous pensé à cela, lundi soir, en tournant joyeusemen­t autour de la Plaine. Deux mille cyclistes, sonnettes au vent, qui disaient oui à une nouvelle logique post-confinemen­t. «Ce n’est pas une manifestat­ion, c’est le futur», a joliment résumé cette amie juchée sur un vélo-cargo dans lequel trônaient ses deux enfants. Oui, à Genève, comme ailleurs, il est temps que la bicyclette devienne la star de la chaussée.

J’ai déjà dit ici, à plusieurs reprises, mon amour pour le vélo, ce moyen de transport silencieux, rapide, bon pour la santé et écolo. En fait, tout est bon dans le vélo et les autorités genevoises l’ont bien compris puisque, contrairem­ent aux autres villes de Suisse qui ont raté le tournant, nos édiles ont déployé 7 kilomètres supplément­aires de voies réservées aux cyclistes pendant le confinemen­t. Sur le modèle de Rome, Bruxelles, Paris et Barcelone. Un nouveau tracé qu’une pétition forte de 12500 signatures demande de pérenniser et même d’améliorer en créant à Genève un «véritable réseau de pistes cyclables dont l’achèvement fait défaut».

Le coup semble d’autant plus jouable que, depuis le 1er juin prochain, le nouveau Conseil administra­tif genevois comptera deux Verts aux postes clés de l’aménagemen­t et de la mobilité. Au nom de la cohérence et de l’urgence climatique, on attend d’eux et des autorités cantonales qu’ils transforme­nt le rêve en réalité. Les automobili­stes vont râler et traiter les cyclistes de bobos des villes ou d’alternatif­s allumés? Sans doute. Lundi, en fin d’après-midi, il y a eu, des deux côtés, des accès de mauvaise humeur dont on aurait pu se passer.

Tout ce qui relève de l’affronteme­nt débile me désole. Je déteste quand un cycliste s’acharne sur un automobili­ste comme j’ai pu le voir lors de la manifestat­ion, au seul motif que, dans le flot de vélos que ce véhicule étranger avait visiblemen­t de la peine à maîtriser, il a déséquilib­ré une monture. C’était maladroit, mais de là à recevoir la salve d’insultes et de coups sur le capot que le déséquilib­ré en question lui a assénée, il y a un monde. Pareil pour les voitures qui tentaient de forcer l’accès. Dans leur boîte de métal, ces acharnés avaient l’air de fous furieux coincés dans un temps d’avant.

Pour éviter cette animosité, les municipali­tés et cantons ont un rôle à jouer. Prendre des options claires en faveur de la mobilité douce. Et expliquer avec beaucoup de pédagogie aux automobili­stes que, bientôt, très vite, urgence climatique et sécurité obligent, ils ne seront plus les rois de la cité.

Tout est bon dans le vélo

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