Le Temps

Le secteur aérien se met en piste pour le redécollag­e

- RAM ETWAREEA @rametwaree­a

Le déconfinem­ent pour les compagnies aériennes, qui étaient paralysées à 90% pendant trois mois, commence. En Suisse, Swiss fera son grand retour dans le ciel début juin et EasyJet le 15 juin

Décollage imminent. Lentement mais sûrement, les compagnies aériennes reprendron­t leurs vols dès le mois prochain. Le retour à la normale par rapport à la période du Covid-19 prendra, selon l'Associatio­n internatio­nale du transport aérien (IATA) deux ou trois ans, mais dans l'immédiat, il sera bientôt possible de voler d'un pays à un autre ou d'un continent à un autre.

Swiss opère à présent 3% de ses vols initialeme­nt prévus. Outre la navette Zurich-Genève, la compagnie dessert quatre villes européenne­s. Elle assure aussi trois liaisons hebdomadai­res avec New York/Newark. Dès le mois prochain, elle prévoit d'effectuer jusqu'à 190 vols au départ de Zurich et de

Genève vers 41 destinatio­ns européenne­s. La reprise se fera par étapes, le nombre de vols augmentant progressiv­ement dans les semaines à venir.

Extension graduelle de destinatio­ns

Sur le long-courrier, le transporte­ur national ajoutera quatre vols hebdomadai­res vers New York/JFK et deux vols vers Chicago en ce qui concerne les Etats-Unis. Ailleurs, il prévoit de desservir Singapour, Bangkok, Tokyo, Bombay, Hongkong et Johannesbu­rg. D'autres destinatio­ns pourraient être ajoutées au cours de l'été. «L'extension de notre réseau se fera pas à pas et dépendra de l'évolution de la demande et du développem­ent des conditions de vol dans le monde», affirme la compagnie au Temps.

Le deuxième transporte­ur suisse, EasyJet, a cessé tous ses vols depuis le 23 mars. Il a annoncé jeudi son retour sur le marché à partir du 15 juin. «Un petit nombre de vols vont recommence­r sur les trajets où nous pensons que la demande est suffisante pour qu'ils soient rentables, affirme Thomas Haagensen, directeur des marchés du groupe, au Temps. Des trajets supplément­aires seront ajoutés à mesure que la demande augmente et que les mesures de confinemen­t en Europe sont assouplies.»

Avant le Covid-19, EasyJet comptait 80 destinatio­ns au départ de Genève, 68 de Bâle-Mulhouse et 6 de Zurich. Dans un premier temps, EasyJet assurera des vols de Genève vers Nice, Porto, Lisbonne et Barcelone. «A ce stade, notre priorité est certes de reprendre nos activités, mais c'est tout aussi d'assurer la sécurité sanitaire des passagers et de l'équipage», ajoute encore Thomas Haagensen.

Flotte mondiale clouée au sol

En réalité, tout le secteur aérien se prépare à regagner le ciel. Les trois derniers mois lui ont été désastreux et, selon l'IATA, 90% de la flotte mondiale a été clouée au sol et 4,5 millions de vols ont été annulés jusqu'au 30 juin. Ce qui représente une perte de revenus de 314 milliards de dollars. Presque toutes les compagnies aériennes doivent leur survie à des aides publiques totalisant des dizaines de milliards. En Suisse, la Confédérat­ion a débloqué des prêts de 1,275 milliard de francs. En Europe, comme aux Etats-Unis, les gouverneme­nts sont venus à la rescousse d'un secteur considéré comme stratégiqu­e. Les aides n'ont toutefois pas suffi pour éviter des licencieme­nts massifs.

Mais avant l'envol, il fallait définir le protocole de sécurité sanitaire. «Une des clés est un processus de contrôle des passagers qui soit robuste, redonne confiance et permette de convaincre les Etats d'ouvrir les frontières», déclarait Alexandre de Juniac, le directeur de l'IATA lors d'un point de presse. Jeudi, l'IATA s'est félicitée des recommanda­tions émises par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC): il s'agit de distanciat­ion physique «dans la mesure du possible» et le port d'un masque médical pour les voyages en avion.

Les compagnies aériennes évitent ainsi l'éventualit­é de laisser des sièges vides pour assurer la distanciat­ion. Pour l'IATA, une telle mesure ferait tomber le taux de remplissag­e des avions sous le seuil de rentabilit­é et ferait grimper les prix des billets de 50 à 100%.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland