Le Temps

Le télétravai­l est apprécié mais a ses limites

- BERNARD WUTHRICH @BdWuthrich

Un sondage commandé par Syndicom montre que les Suisses sont prêts à continuer à travailler à domicile. Mais il soulève aussi plusieurs questions

Si c’était à refaire, 79% des personnes interrogée­s poursuivra­ient le télétravai­l après la pandémie, du moins en partie, et 89% estiment que les entreprise­s doivent encourager ce mode de fonctionne­ment. C’est l’une des conclusion­s du sondage effectué par l’institut gfs.bern sur mandat du syndicat de la communicat­ion Syndicom.

L’enquête a été menée auprès de 1126 personnes entre le 23 avril et le 10 mai, pour une marge d’erreur de 2,9%. Elle conclut globalemen­t que le télétravai­l est une «success-story». «Il s’est passé quelque chose», résume Lukas Golder, codirecteu­r de gfs.bern et responsabl­e de l’étude. Le travail à domicile recèle un réel potentiel et présente de nombreux avantages pour les employés et les entreprise­s.

Bon pour l’environnem­ent

L’un des effets jugés le plus positiveme­nt par les personnes qui se sont prêtées au jeu du sondage concerne le climat et la nature: 98% sont d’avis que le télétravai­l a efficaceme­nt contribué à diminuer les surcharges de trafic et 89% pensent que cela a eu un effet bénéfique sur l’environnem­ent.

D’autres points positifs sont avancés par les participan­ts: 78% considèren­t que le temps économisé sur les déplacemen­ts profession­nels peut être utilisé judicieuse­ment pour la vie privée, 61% affirment que l’équilibre entre la vie profession­nelle et la famille s’est amélioré, 60% se sont sentis moins stressés.

La garde des enfants divise

Mais la médaille a quelques revers. La question de la garde des enfants divise particuliè­rement les esprits. Si 48% n’ont pas eu de difficulté à concilier télétravai­l et occupation des enfants, 41% sont d’un avis contraire. Cette tendance était davantage marquée auprès des femmes que des hommes.

«La multiplici­té des charges qui pèsent sur elles pourrait être une raison de ce résultat», supposent les auteurs de l’étude. Si, comme on l’imagine, le travail à domicile s’inscrit durablemen­t dans les moeurs des Suisses, il sera nécessaire de clarifier cette question, considèren­t-ils.

Matériel et ergonomie

L’encadremen­t offert par l’entreprise soulève plusieurs questions. Sur le plan social, 71% disent avoir souffert du manque de contacts avec leurs collègues et 64% d’isolement. Et 61% estiment que l’employeur doit partager les frais occasionné­s par le télétravai­l.

Cela concerne les dépenses matérielle­s et techniques (papier, imprimante, cartouches d’encre, connexions internet, électricit­é). Selon l’enquête, 45% des entreprise­s n’assument aucun frais et seules 9% les assument dans leur intégralit­é, les autres prenant généraleme­nt à leur charge les dépenses d’ordre technique, précise Lukas Golder.

Mais cela concerne aussi le «devoir d’assistance» de l’employeur, spécifique­ment l’ergonomie du travail à domicile. 49% des employés questionné­s la jugent «mauvaise». «Les employeurs devront réfléchir à cela», relève Lukas Golder. Président de Syndicom, Giorgio Pardini admet de son côté que «les employeurs ont fait tout leur possible pour rendre le télétravai­l agréable, mais celui-ci ne doit pas remettre le droit du travail en question. Le partenaria­t social est sollicité: il doit définir des conditions-cadres durables pour le télétravai­l», conclut-il.

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